Il paraîtrait que « Le Grand Pardon » a une réputation de « Parrain » français, ce que l'on peut d'ailleurs comprendre tant Alexandre Arcady s'est manifestement inspiré du chef-d'œuvre de Francis Ford Coppola à de nombreuses reprises. Hélas, influence ne veut surtout pas dire talent égal, ce qu'on ressent dès les premières secondes. La très longue scène du mariage en introduction est d'ailleurs un ersatz assez ahurissant du monument de Coppola, où tout paraît surligné et lourdaud, la courte apparition de Robert Hossein comprise.
D'ailleurs, à plusieurs reprises on se demande si le film est censé être une parodie tant les limites du ridicule sont à plusieurs reprises explosées, à coups de répliques surréalistes et de performances d'acteurs approximatives. Si certains ne s'en tirent pas trop mal (Bernard Giraudeau, Richard Berry, Jean-Louis Trintignant, Anny Duperey), d'autres sont en-dessous de tout, à commencer par Jean-Pierre Bacri (impossible d'imaginer une seconde que ce type créerait un personnage culte quelques années plus tard), mais surtout, SURTOUT, que dire de Roger Hanin ? Le bonhomme a de la présence, indéniablement. Mais cet accent pied-noir venu de nulle part ressemblant à une caricature de caricature, le tout doublé d'un surjeu aussi permanent qu'épuisant, ce n'est juste pas possible, peu aidé il est vrai par un rôle déjà pas très subtil à la base.
Mais pourquoi quatre étoiles, alors ? Parce que malgré toutes ses casseroles plus lourdes les unes que les autres, Arcady parvient vaguement sur la durée à donner à son œuvre une allure convenable, ni très originale et encore moins habile, mais dotée d'une certaine percussion, nervosité permettant de nous sentir un minimum concerné par ces règlements de comptes de plus en plus sanglants, faisant aussi la part belle à la fatalité. Après, ne nous voilons pas la face : ce n'est pas du bon cinéma et on s'étonne vraiment du statut « à part » du « Grand Pardon », mais disons que cela permet de compenser un peu le désastre quasi-absolu de la première heure... Très dispensable pour autant.