Fais-moi confiance, c'est un film de Noël.
C'est en disant cela que Monsieur a lancé The Hudsucker Proxy, Le Grand Saut en français, hier soir. Passé l'étonnement de voir une esthétique aussi Art déco pour 1958, je me laisse intriguer. Le héros avec son projet mystérieusement révolutionnaire (You know, for kids !), la journaliste prête à tout pour un bon scoop, chapeautés par un Paul Newman qui s'amuse comme un petit fou... le tout en dépeignant de manière ma foi fort graphique l'aliénation du monde du travail... Le ton était donné et cela me plaisait. J'ai été très décontenancée par la fin, que j'ai d'abord trouvé débordante de bons sentiments. Trop gentille finalement, au vu de ce que le film avait réussi à véhiculer jusque là. Comment aller si loin dans la dénonciation d'un capitalisme écrasant si c'est pour conclure d'un gentillet "Quand c'est géré humainement, en fait, ça va" ?
Ce qui sauve le film, c'est son ton et ses moments d'absurdité distillés ça et là. De fait, les inventions tant révolutionnaires que simplistes du protagoniste, son obsession pour la circularité sont peut-être la meilleure représentation de ce monde clos, entre-soi - vaste serpent qui se mord la queue.