Après un "Django" déjà particulier de par sa grande violence et ses décors poisseux, Corbucci revient au western spaghetti, nous livre un film encore plus original. "Il Grande Silenzio" renverse en effet tous les codes du genre, et se veut pessimiste à souhait.
Les chasseurs de primes sont ici d'infâmes crapules, qui respectent la loi en exterminant de pauvres bucherons affamés devenus bandits. Face à eux, le héros est un tueur à gage muet implacable, interprété tout en nuance par Jean-Louis Trintignant. Et bien loin de l'archétype du méchant à l'ego démesuré ou aux sales manières, Klaus Kinski incarne ici un chasseur de prime cruel et avide, mais agissant avec un grand sang froid et s'appuyant avec sadisme à rester dans la légalité.
Pour symboliser cette ambiance surréaliste et cette mort omniprésente, Corbucci a choisi un décors hivernal du plus bel effet. Ainsi, si la réalisation est correcte (notons tout de même un final étonnant !), et que la BO de Morricone reste discrète, la photographie est indéniablement l'un des points forts du film, à la fois belle et cruelle. De plus, le film aborde le thème du rapport entre éthique et justice : quand la morale et la loi s'opposent, de quel côté se tourner ? A (re)découvrir.