Il arrive doucement, perdu dans cette immensité blanche, silhouette noire fendant lentement ce paysage de démesure enneigée qui semble bien trop grand et bien trop froid pour les hommes, cavalier solitaire à découvert, à la merci des fusils pointés des tireurs embusqués dans ces montagnes acérées qu'il tue un à un avant qu'il n'aient même le temps d'appuyer sur la détente, qu'ils n'aient même le temps de comprendre qu'ils allaient mourir, qu'ils n'aient même le temps de le voir dégainer son pistolet Mauser semi automatique pour protéger une bande de bandits affamés pour repartir là-bas, au loin, comme il en était arrivé, Il Grande Silenzio, le mythe de l'Amérique. Droit, juste, implacable. Silencieux.
Une Amérique aussi noir que ces paysages sont blancs, où les rôles ont tourné comme les barillets des revolvers qui ont fait sa légende, où les bandit errent dans les montagnes à la recherche d'un peu de nourriture, où les dirigeant ne pensent qu'à conserver et gagner des électeurs pour garder encore un peu leur belle fonction avec grand bureau, jolie fauteuil en cuir et carafe de whisky en Crystal, où les influents tenanciers de ces inévitables merceries qui parsèment les routes se jouent de la population pour favoriser leurs petits plaisirs personnels, et où les chasseurs de primes font la loi en semant les cadavres sur le bord de la route en échange de quelques billets. Des chasseurs de prîmes soutenus par de lâches Shérifs bien trop contents de les payer pour qu'ils fassent leur sale boulot, sans quoi ils finissent de toute façon la tête dans la neige, une balle dans le dos.
Une horde de chasseur de primes sans merci et sans honneur qui cache les cadavres sous la pureté de la neige qui les conserve quelques jours, anges de la morts, figures démoniaques avec moustaches, chapeaux et cigares sur le coin des lèvres menée par Tigrero, un Kinsky glaçant derrière ses grands yeux bleus, ses cheveux d'or et sa voix mielleuse comme la mort qui vous prend dans ces bras. Un Tigrero qui en a après le Grande Silencio qui veut lui aussi sa peau, pour un de ces duels avec gros regards, silhouettes qui émergent de l'épais brouillard qui recouvre la morale de l'Amérique dans le petit village de Snow Hill, caché tout là haut, dans la montagne au milieu du blizzard et qui se termine avec un homme à terre dans une flaque de sang.
Le sang de l'Amérique qui coule sur la neige, vient doucement colorée sa pureté immaculée de rouge vif, goûte par goûte, d'abord, ploc, ploc, ploc, puis par une tache de plus en plus large, et enfin par une vague qui s’en vient emporter toutes ses valeurs, versé par ceux qu'elle a enfantés, chouchoutés et glorifiés, devant un saloon remplit des cadavres des laisser pour compte qu'elle a froidement abandonner contre une poignée de dollars.
Parce que finalement l'Amérique c'est ça.
La loi du plus fort et de belles grosse liasses de billets verts.