Grand amateur des Grolandais Delépine et Kervern, j'avoue que ce film m'a déçu, surtout parce que je vois désormais leur cinéma se faire, et c'est embêtant, même pour eux, de tomber dans une telle facilité.
Le duo principal (deux demi-frères) est composé de Benoît Poelvoorde, autoproclamé plus vieux punk d'Europe, et de Albert Dupontel, vendeur de matelas sous pression de son chef, qui vont à leur manière se révolter contre la société, le tout sous l'œil halluciné de leurs parents, qui ont l'air de véritables OVNI (Birgitte Fontaine est hallucinante, on en aurait voulu plus). et qui aimeraient voir en eux des hommes responsables.
On rit souvent, surtout grâce à un Benoît Poelvoorde qui emporte tout en vieux punk SDF à la ramasse et qui fait boire de la bière à son chien...punk. Albert Dupontel joue encore Albert Dupontel, surtout dans la première partie, mais même par la suite, il a l'air encore retenu, y compris quand il devient punk à son tour.
On retrouve les habitués grolandais, de Yolande Moreau à Bouli Lanners, en passant par Miss Ming et une courte apparition de Gérard Depardieu en astrologue bidon.
Quant à la mise en scène, exit le 16 mm de Mammuth, et place encore aux longs plans fixes, souvent filmés de très loin, et ce qui sonne comme une marque de fabrique des réalisateurs tend un peu à se répéter : au bout de cinq films, tous filmés de la même façon, la formule marche de moins en moins, y compris y niveau des improvisations (quand Poelvoorde va demander une pièce à des clients du centre commercial). D'ailleurs, Delépine & Kervern le sentent aussi, car ils ont déclaré que ce film constituait pour eux la fin d'un cycle. On verra bien la suite...
C'est un film qui n'est pas désagréable, souvent drôle (avec ces dérapages inattendus de Poelvoorde), parfois touchant sur le côté social et les rebuts de la société, mais j'ai un peu l'impression, dans le procédé, de voir cinq fois le même film, avec un petit déséquilibre nommé Albert Dupontel, ce qui gâche un peu le plaisir.