Deux ans seulement après le Port de l'Angoisse, le trio mythique Hawks/Bogart/Bacall se reforme pour l'adaptation du roman noir de Raymond Chandler « The Big Sleep ». Dès lors en plein âge d'or du film noir, Hawks tente l'aventure du polar en réunissant ce qu'il estime être l'équation ultime du classique Américain. Personne ne lui donnera tort, car en réunissant à nouveau le couple mythique Humphrey Bogart / Lauren Bacall, le cinéaste s'attache d'emblée l'affection du public. Un choix judicieux qui cache un défaut bien plus lourd, boulet flagrant de ce Big Sleep : son scénario. Incompréhensible, c'est l'adjectif qui se rattacherait le mieux à l'intrigue de cette tortueuse adaptation, trop chargée, trop rapide, trop complexe (et c'est pire en vo!) l'histoire qui nous est racontée ici bénéficie d'un surplus de tout : personnages, informations, péripéties; si bien que l'on s'y perd rapidement au point de vite lâcher l'affaire. Hawks lui même avoua sa confusion à l'égard du script de Chandler : le cinéaste, venu lui demander conseil sur un point précis du scénario, essuya une sèche de la part de l'écrivain en personne, visiblement tout aussi perdu. Dès lors, commencé actif, le spectateur devient passif, état idéal pour lui de contempler, émerveillé, les prouesses d'acteurs du duo Bogart/Bacall, comme si le film n'avait d'intérêt que par eux. Triste constat.