Il faut que tout change pour que rien ne change.

Visconti après Rocco signe ici une fresque historique adapté du roman éponyme (1958) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Dans l'Italie chamboulant par la révolution garibaldienne, en Sicile, la famille noble Salina tente de survivre à cette société en transformation. Ce film est tout simplement magnifique de bout en bout.

Les lieux de tournage (Palerme, Ciminna, Ariccia) et paysages siciliens sont beaux donnant à cette fresque dune dimension assez picturale (typiquement les combats entre garibaldiens et royalistes à Palerme) Nino Rota a composé des thèmes musicaux (le meilleur étant selon moi le "love theme" de Tancrède et Angelica) vraiment majestueux avec quelques mazurka et valses incluses.

Le tête d'affiches sont légendaires. Burt Lancaster se confond presque avec son personnage de prince Don Fabrice à la silhouette, sa moustache au caractère stoïcien. Le neveu Tancrède est interprété par le fougeux Alain Delon (retrouvant Visconti après Rocco et ses frères). Claudia Cardinale (Angelica Sedara) était vraiment la plus belle femme du monde (tellement belle quand elle mordille ses lèvres). Quand elle entre dans une pièce tout le monde se tait et l'admire comme les spectateurs. Ensuite on retrouve des acteurs inattendus dont Terence Hill (crédité Mario Girotti) en comte Cavriaghi puis Serge Reggiani en Don Francisco Ciccio Tumeo, un confident du prince. Enfin il y a les acteurs interprétant les personnages qui nous décrochent des sourires : Romolo Valli (le père Pirrone) Mario Girotti (Don Calogero Sedara).

C'est sur une tonalité mélancolique que s'appuie le film pour dérouler son récit. C'est cette atmosphère dramatique tentée d'une douceur amer qui m'a beaucoup touché. Les dialogues absolument parfaits vont aussi dans ce sens surtout avec les grandes tirades lancées par le personnage du prince. Je me sens très en proximité avec le prince blasé des soirées mondaines pendant le bal final comme je suis moi même blasé des soirées étudiantes toutes aussi superficielles les unes que les autres (où à la différence il n'y a plus aucune bonne manière, la vulgarité dominant aujourd'hui) où je prend sur moi pour l'exprimer le moins possible.

Créée

le 4 sept. 2024

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