Il est des films qui se présentent à nous comme des monuments inviolables, des œuvres précédés d’une aura que l’on sent avant même d’avoir lancé la projection. Assurément, « Le Guépard » de Visconti est de ceux-là, si bien que malgré quelques années de cinéphilie à notre actif, nous continuions à retarder son visionnage attendant toujours le moment propice, par crainte d’être déçu sans doute.

Et ce moment propice finit par survenir un soir d’août peu de temps après la mort de l’immense Alain Delon.

Et quelle claque ! Dès les premiers plans du film, une double évidence frappe aux yeux, d’une part la conscience que sa réputation de chef d’œuvre absolue n’est pas tronquée et de l’autre l’évidence qu’il s’agit là d’un film sans commune mesure.

En 1860, la révolution garibaldienne gronde en Italie, prête à renverser l’ordre monarchique établi. Afin de perpétuer la splendeur de sa famille, le prince Salina décide de faire marier son neveu Tancrède à la fille d’un nouveau riche, symbole de la nouvelle Italie qui se profile. De là, très peu de scènes finalement malgré les 3h de film. Simplement un enchainement de séquences, d’un épisode de guerre en passant par un repas mondain qui confronte habilement l’ancienne Italie et la nouvelle. Et enfin la célèbre scène du bal qui clôt magistralement le film, manière de mettre en exergue la splendeur de cette caste aristocratique aussi bien que son déclin inévitable, le tout cristallisé par la mélancolie palpable du prince interprété par un magnétique Burt Lancaster dans l’un de ses plus beaux rôles.

En outre, « Le Guépard » est bel et bien l’immense film que l’on dit.

Sordi
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le 31 août 2024

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