Le Hobbit : Un voyage inattendu par Pierre Rapeau
Je sais exactement ce qu’on peut reprocher au film. Et cela même sans m’être embourbé dans la lecture de critiques (au moins, avant de le voir): des longueurs, l’enjeu n’est pas aussi fort que dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et évidemment, Peter Jackson est forcément devenu un looser dix ans après sa quinzaine d’Oscar puisque tous ses talents étaient dans les kilos.
J’ai aimé ce film. Je n’ai jamais lu le hobbit et j’ai aimé ce film.
J’ai adoré le seigneur des anneaux et j’ai aimé ce film.
Je ne suis pas en particulier un bouffeur d’heroic fantasy en littérature et ailleurs. Mais vous savez quoi ? J’ai sacrément aimé ce film.
MOFY -Movie Of The Year-, ça existe ? Car si le concept existe, le mien pour 2012 a de grande chance d’être ce Hobbit. Et c’est un Marvel Zombie qui parle…
J’ai ressentie ce film comme l’exploration d’un monde (La Terre du Milieu) que je n’avais qu’éffleuré dans la précédente trilogie (forcément (pré)occupée par les guerres). The Hobbit ne m’apparaît pas comme un blockbuster, comme un film calibré pour faire passer deux heures barjos et ressortir avec la patate (coucou Avengers, qui a été la référence ultime dans le domaine cette année). The Hobbit, c’est un voyage quasi-inattendu que tu n’es pas obligé d’apprécier (après tout, tout le monde n’est pas sensé être sous le charme d’un vieux barbu et de nains à la pilosité folle); mais qui te vend un dépaysement, un charme, un tableau animé que tu ne vois qu’une fois tous les dix ans au ciné avec cette envergure.
On parle bien d’un voyage. Il est initiatique pour Bilbon, qui reste muet une grande partie de film avant de laisser parler son petit héroïsme; il est rédempteur pour Thorin à la reconquête de la terre de ses aïeux (et plus encore…). Ce voyage est ambitieux : plus grand que celui du seigneur des anneaux, car il ne répond pas à une menace mais a une ambition pour Bilbon et Thorin.
Et alors pourquoi pas, le spectateur potentiel peut se demander s’il a besoin de Sauron pour apprécier l’univers et l’histoire qui lui est proposé, avec ses enjeux tout autre que sauver la Terre du Milieu (pour l’instant). S’il a envie de gratter plus loin que le Seigneur des Anneaux, pour découvrir bien plus des caractéristiques d’un monde magnifique où il n’a pas forcément beaucoup de chance de mettre les pieds, si lui aussi a envie de passer le guichet du cinéma pour juste être invité à une aventure. Pour lui, pas pour la Terre Du Milieu.
J’aime cette dimension du Hobbit, la possibilité de vivre un univers et pouvoir connaître ses habitants. Le film prends son temps, par son introduction, ses dialogues voir même quelques plans silencieux sur les personnages et ses décors. Rien n’est en trop, et j’en viens à me souvenir de ce qu’est un film non “calibré” qui n’enchaîne pas les scènes courtes et les catchlines avec un rythme effréné (Avengers, Skyfall, et autres (que je trouve aussi géniaux pour la plupart !)). J’aime ne pas voir apparaître dans le film un schéma en trois actes qu’on retrouve quasi partout (J’installe/J’oppose/Feu d’artifice), mais juste un voyage avec ses moments survoltés et plus calmes, ne cherchant jamais à remplir -au moins de manière trop ostentatoire- un cahier des charges. Et bizarrement, ces évènements fantastiques paraissent crédibles. Le but de chaque personnage, leur volonté, leur peur, l’enjeu de leurs actes est parfaitement crédible et humain. Ce monde est crédible (et on ne pourra pas retirer à Jackson ce respect envers l’oeuvre de Tolkien).
La mise en image est belle, on a tantôt à faire à de véritables peintures animées; tantôt on est au plus près des personnages avec des plans proches d’eux. Cette impressions de gens proches de nous, dans un univers merveilleux n’est jamais démenti. J’ai aussi l’impression que Guillermo Del Toro a pu intégrer un peu de sa folie pour certains gobelins : tant mieux ! Et la musique d’Howard Shore… Le nouveau thème principal du film (lié aux nains) me fout des frissons rien que d’y repenser, je l’ai en tête depuis que j’ai vu le film il y a quatre ou cinq jours.
Ce film, je l’ai dans la peau depuis quatre ou cinq jours. Rares sont les films à pénétrer ma carapace au delà de quelques heures, là je n’ai qu’une envie: retourner en Terre Du Milieu. Et non, trois films ce n’est pas trop. Tous les dix ans, ça peut largement aller sans amenuiser l’impact.
(http://takerusan.tumblr.com/post/37872334906/the-hobbit)
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