Le Hobbit : Un Voyage Inintéressant

On attendait ce cadeau depuis des siècles, depuis une certaine trilogie merveilleuse qui a changé l'histoire du cinéma. Je ne peux pas prétendre que je m'attendais à quelque chose d'aussi bien, mais je ne pensais pas non plus plonger à ce point dans un spectaculaire au service du fric et de rien d'autre.

Autant être clair, je n'ai pas lu le Bilbon de Tolkien, et je n'en ai pas eu besoin pour être déçu au cinéma. Les attentes étaient énormes, ne pouvais-je être que déçu ? Je ne crois pas : le Hobbit est orienté vers un public plus jeune que ne l'était la trilogie du Seigneur des Anneaux mais comment pardonner un humour pitoyable et totalement déplacé (interminable repas à Cul-de-Sac, ce roi-orque, les trolls...), comment fermer les yeux sur cette scène de poursuite dans les mines qui rappelle au mieux les Indiana Jones, au pire le Tintin de Jackson lui-même, ces orques affreux qui ont perdu toute leur férocité originale, ce passage de tendresse entre Gandalf et Galadriel, ces machines à sous ambulantes que sont les apparitions de Saroumane ou Frodon... Des détails pour certains ? Pas pour moi.

Jackson est tombé dans le piège du ciné-fric : il aurait pu se contenter d'un seul chef d'oeuvre, et va plutôt pondre trois films bricolés à partir de l'univers de Tolkien ou de choses sorties de nulle part (orque pâle, le personnage d'Evangeline Lilly...). C'est tellement dommage car les premières minutes du film donnent l'impression de remettre des pantoufles en or, laissées en plan depuis le générique de fin du Retour du Roi.

Loin d'être un ratage complet, le Voyage Inattendu offre son quota de spectacle : le spectateur s'en prendra plein les mirettes et suivra avec plaisir les aventures de Bilbon (je salue au passage la performance de Martin Freeman, excellentissime au milieu d'un casting en dents de scie). La musique nous fait trembler, les décors font rêver... Le Hobbit souffrira forcément de la comparaison avec Le Seigneur des Anneaux, son capital sympathie ne sera pas entaché pour autant et j'assure que le film n'est pas mauvais.
Toute une cacophonie d'éléments pollue l'ensemble et c'est horrible de se dire que ce n'est que le premier film. L'intérêt sera là au second, mais si peu, si peu...