" Si la terre était faite d'or, peut-être les hommes mourraient-ils pour une poignée de poussière"
Impossible d'oublier, comme le dit Tavernier dans sa présentation d'un western qu'il admire, cette phrase prononcée par le Sage, celui qui sait tout mais parle peu:
Hooker, autrement dit Gary Cooper absolument impérial.
Car il s'agit en effet d'un western comme en témoignent époque, fin du XIXè siècle, et costumes, mais c'est surtout un film d'aventure et un drame psychologique ; des personnages toujours à la frontière du bien et du mal, infiniment plus complexes que les premières scènes ne le laissaient supposer.
Que sait-on d'eux ? Pas grand chose sinon que le bateau de ces trois aventuriers américains en route vers la Californie est tombé en panne et qu'ils se retrouvent bloqués quelques jours dans un petit port mexicain.
Une jeune femme aux abois va leur proposer une grosse somme d'argent pour qu'ils l'aident à délivrer son mari coincé dans les décombres d'une mine d'or en plein territoire indien, au lieu dit "le jardin du diable".
Une nature luxuriante et hostile, des paysages surprenants et inhabituels : côte au bord de la mer, forêts de bananiers et de palmiers...Au fur et à mesure de cette promiscuité forcée, de cette aventure humaine, les êtres vont se dévoiler, les personnalités se révéler, loin, bien loin des hommes sans scrupules qu'on pouvait imaginer.
Superbe interprétation de Richard Widmark, le plus ambigu sans doute, de Gary Cooper et de Susan Hayward, meurtrie mais loyale, beau personnage de femme à part entière.
Le dernier quart d'heure est époustouflant, et l'on retiendra la beauté du soleil couchant qui fait dire à Widmark : "chaque soir le soleil disparaît et chaque soir quelqu'un s'en va avec lui"
Une belle fable morale qui voit triompher les valeurs de loyauté et de sacrifice devant le cynisme et l'égoïsme : un grand film.