"Le jardinier d'Argenteuil" est la dernière réalisation de JP Le Chanois au cinéma. Je ne sais pas si c'est parce que ce fut un bide.
Ce petit film m'est bien sympathique. Sans prétention, certes mais sympathique où on voit Jean Gabin en père Tulipe, célibataire endurci, qui vit pénardos dans son pavillon à Argenteuil (un wagon !) à soigner son jardin et faire de la peinture.
De temps en temps, il sort ou encore va taper le carton au bistrot du coin. Un jour, il est "victime" d'un redressement pour défaut de déclaration ou de cotisation à la CAF.
Et là, on découvre que ses talents de peintre servent aussi à faire de la fausse mornifle pour améliorer son petit ordinaire. Mais on n'est pas dans le cadre du "cave se rebiffe" car ici il n'opère qu'en petites coupures pour éviter de se faire repérer ...
Tout irait bien si son neveu (Pierre Vernier) et sa copine (Liselotte Pulvar) ne venaient pas mettre le souk dans ses affaires.
Le ton du film est nonchalant comme Jean Gabin qui se laisse porter par la vie et comme son complice Jean Tissier qui est chargé d'évacuer (= valoriser) les faux billets. Tout ceci fleure bon la douceur de vivre, la nostalgie d'un temps en train de disparaître. Ce n'est pas un film comique. C'est juste un film où le spectateur sourit devant les diverses situations décrites.
En vacances sur la Côte d'Azur, le père Tulipe rencontre sur la plage un riche baron désœuvré (Curd Jürgens) et sympathise. Invité sur son yacht pour une partie de pêche, qui n'aura pas lieu, il est brusquement mis en face d'une bande de jeunes riches, superficiels et déjantés avec un Serge Gainsbourg, caméra au point pour rechercher l'instant sublime. C'est la rencontre de deux mondes incompatibles, mutuellement incompréhensibles, le parisianisme "in" et la province "out". "Chez les fous" dira Gabin en bougonnant.
Le baron entraîne le père Tulipe au casino où apparaît une actrice que j'adore : Jeanne Fusier-Gir. Habituellement dans des rôles de concierge, de bonne, on la voit ici teinte en blonde et dans un rôle d'altesse qui va faire une bataille (le jeu de cartes) endiablée avec Curd Jürgens.
Finalement, c'est peut-être ce que j'ai aimé dans ce film, ces rencontres avec les acteurs ou actrices au détour d'un chemin, sans prévenir, Jeanne Fusier-Gir, Noël Roquevert en restaurateur exotique qui a du lion au menu, Bernard Musson en sacristain, Dalibert en gendarme, Rellys en cocher, Albert Michel en patron de bistrot et bien sûr Jean Gabin, Jean Tissier ou Curd Jürgens