Voici la lettre que j'ai trouvé par hasard dans une salle d'attente signée par un certain Ahmed
"Je jetai un dernier coup d’œil à ma chambre. Je regardai mes cours d’ingénieur informaticien que je suivais dans l’une des meilleures écoles belge. Je regardai mes collections d’enfance que je composais avec des mouches à la tête arrachée collées sur du carton et que maman avait fait encadrer. Je caressai une dernière fois Thé Vert mon chat blanc. C’était le chat de la voisine que j’avais fait naturaliser après l’avoir égorgé proprement suivant l’abattage rituel. J’allais ensuite dans la cuisine voir Rosetta ma maman pour lui dire adieu.
_ Je pars au Paradis maman !
_ En passant n’oublie pas de prendre du harissa et du mouton. Prends-en beaucoup pour l’Aïd !
_ Je prendrai le plus de mouton que je trouverai, maman. S’il le faut je tuerai tous les moutons de l’abattoir pour toi, je le jure sur mon tarbouche !
_ Je t’aime Ahmed mon fils !
Je vérifiais une dernière fois mon plan prévu depuis des mois. La ceinture était bien bouclée sur mes quatre pantalons et la go-pro était bien fixée à mon survêtement Lacoste. Dans mon sac la bombe était bien là, avec mon passeport à côté pour l’identification, réglée comme une pendule pour exploser à 19H00 juste avant le journal télévisé. J’avais aussi mon sachet de bonbons hallal Haribo et mon billet aller simple pour Cannes.
Arrivé à Cannes je passai d’abord par l’abattoir agréé situé non loin du Palais des festivals et je fis le plein de mouton dans un sac pour ma maman. Je rentrai ensuite sans problème dans le Palais en suivant un groupe de gilets jaunes venus présenter leur film. Ne laissant rien au hasard, j’avais prévu à l’avance de prendre un gilet jaune et une casquette de l’OM « Droit au but » pour passer inaperçu et le plan se déroula à merveille. Je graissai ensuite la patte aux poulets en leur distribuant les bonbons hallal Haribo et je pus ainsi me mettre à côté des places d’honneur réservées aux invités habituels du Festival dont le nom était écrit sur les chaises : les mécréants, les impies, les koufars Dardenne et leur film islamophobe. Je glissai le sac là où personne n’irait jamais le chercher : sous la robe de soirée de Catherine Deneuve. Et je m’éloignai tout zen en psalmodiant le Saint Coran. Les koufars Dardenne allaient bientôt l’avoir, leur récompense !
A l’heure précise la bombe explosa. « ALLAH AKBAR ! » que je gueulai de tout mon cœur. Des litres de sang pleuvaient sur les robes blanches de toutes les impures invitées du festival qui hurlaient comme pour un concert de PNL. Ailleurs des morceaux de mouton s’abattaient sur la tête des photographes et des journalistes.
Je compris trop tard mon erreur. J’avais tout simplement oublié mon colis piégé à l’abattoir … Et c’est le sac rempli de morceaux de moutons que j’avais mis sous la robe de Peau d’Âne... Sur la tête à Ribéry ! Des mois de préparation pour ça ! En sanglotant je compris alors que la vie d’un kamikaze est faite de longues années d’espoir mais que le saint Paradis des terroristes n'est pas donné à tout le monde et se mérite.
PS Je laisse traîner ce papier pour qu'un jeune ne commette pas les mêmes erreurs que moi."