En réalisant «Le joueur » Claude Autant Lara et les scénaristes Jean Aurenche, Pierre Bost et François Boyer, ne retiennent du roman éponyme de Dostoïevski que le côté ironique qu’ils amplifient jusqu’à la caricature en prenant délibérément le choix de la comédie. En alternant les scènes entre l’hôtel et la salle de jeu, le roman très « psychologie tourmentée » devient une espèce de théâtre de boulevard avec deux motivations : l’argent et le sexe. Cette trahison du livre débouche sur un ectoplasme braillard et gesticulant (surtout le Général), où à part Françoise Rosay et Jean Danet, tous surjouent, à la limite de la fausseté avec Gérard Philippe, Liselotte Pulver, Bernard Blier et Carette inhabituellement très mauvais. A l’exception de l’arrivée de la tante Antonia à Baden Baden, le reste du film n’apporte même pas un sourire et n’offre quasiment aucun intérêt (même les scènes de roulettes peinent à entretenir le suspens). Enfin quitte à sortir la grosse Berta, Autant Lara met en scène un numéro dansant avec culottes de cuir et bien Oktober Fest bavarois. A Baden-Baden, la ville la plus huppée d’Allemagne ?? C’est avec une finesse du même métal que le cinéaste passe complètement à côté de l’illustre roman pour infliger au spectateur ce non sens cinématographique.