J'aime bien "Le jour des morts-vivants". Peut-être qu'il a un contenu un peu moins critique que les deux premiers, mais il a des personnages forts et beaucoup de qualités.
En fait, le seul point faible, pour mon goût particulier, c'est cette débauche de bidoche vers la fin. Je ne comprends pas qu'on regarde des films de zombies pour le plaisir de voir des gens se faire éventrer vivants. Surtout quand ce sort est réservé aux méchants, merde. Pourquoi ne pas loger tout le monde à la même enseigne ?
Le postulat est intéressant, il a probablement été inspiré par les décors, ce qui peut ménager de bonnes surprises cinématographiques. Le film se passe en Floride, où un petit groupe survit dans une base secrète souterraine des Everglades, sans contact avec le reste du monde. Il y a deux techniciens chargés des hélicos ; sept-huit militaires et trois scientifiques. Les zombies sont tout autour. Les réserves baissent, tout comme le moral. Les scientifiques font des expériences sur les zombies (le savant Logan pense pouvoir les "domestiquer"). Mais les militaires, qui vont chercher les zombies-cobayes, en ont marre de perdre des hommes, d'autant que le nouveau commandant est très bas-du-front et que les résultats des expériences tardent à venir.
La critique de l'armée est assez facile à saisir, et pas des plus fines d'ailleurs (les soldats sont des gros cons qui font des blagues de cul et ne réfléchissent pas). Celle de la recherche scientifique est plus subtile, avec le personnage de Logan, savant fasciné par les zombies, et de son élève modèle, Bub, un personnage à part entière et qui porte le film sur ses épaules pas très bien emboitées. Bub arrive à utiliser un flingue (ce qui lui servira vers la fin), et surtout ressent des émotions pour son "professeur".
Il y a des personnages intéressants, comme Sarah, bien sûr, savante qui essaie de surmonter les tensions de l'équipe (Lori Cardille a le même charme trouble qu'une Carrie Fisher). Les deux pilotes, le black et le barbu "white trash", qui assurent à mort. Le captain Rhodes, d'une bêtise fasciste presque invraisemblable (en plus il ressemble à Bernard Tapie jeune). Logan, le scientifique, qui expérimente en dehors de toute considération morale normale : j'ai bien aimé que ce ne soit pas la figure habituelle du savant fou, mais quelque chose de plus raffiné, une sorte de complexe de Stockholm.
Il y a aussi les séquences de cauchemar de Sarah, très réussies et oppressantes. La scène d'ouverture pose vite le décor.
Et sinon, il y a les ingrédients habituels : peur de tomber à court de munitions, fatigue nerveuse et/ou physique, zombies qui surgissent dans le dos, hélicoptère à la fin.
Et ce truc qui en aura soufflé plus d'un, en tout cas moi : Je ne savais pas que l'intro de A1M1 de Gorillaz était tirée de ce film. C'est clair que dans ce bref extrait la musique et le doublage se fondent merveilleusement pour véhiculer une impression de solitude désespérée. Le reste de la bande-son est cliché à souhait : musique de synthé pseudo-angoissante, assez bidonnant dans le genre.
C'est un bon Romero, plus ambitieux qu'on ne pourrait le croire, et toujours aussi bien ficelé. Je lève mon verre à Bub.