Lorsque j'eus vu ce Day of the Dead pour la première fois, je fus déçu car c'était tellement plus "mort" que Dawn... avec son centre commercial, ses bikers...
Day... se situant dans un lieu quasi-unique avec du blabla scientifico-militaire, j'avais trouvé ça un poil ennuyeux et cheap...


Ce sentiment a perduré pendant des décennies...jusqu'à ce que je le revois enfin en ce mois de mai 2021 et qu'enfin je réévalue ce film à sa juste valeur.
Day...étant un huis-clos où l'autorité militaire dictatorial se heurte aux espoirs scientifiques de changer la donne, je trouve ça excellent et inventif...


Lorsque le regretté George A.Romero se décide à terminer sa trilogie (Night...Dawn...Day..., suite logique), il a en tête de nombreuses scène sous et sur le sol, avec - outre le complexe militaire souterrain - un camp extérieur fortifié protégé par des clotures électrifiées où une communauté de scientifiques travaillent sur les zombis qu'ils entassent dans un corral servant à rassembler les morts-vivants, et la fin voyait une gigantesque explosion détruire le complexe mais le budget ayant été divisé par deux, il dut réécrire le script plusieurs fois pour n'en garder finalement que la substantifique moelle que nous connaissons à présent.


Il m'aura donc fallu au moins 30 ans (!!!) pour enfin voir toutes les qualités de ce troisième film "...of the Dead", il n'est jamais trop tard, right ?
C'est d'ailleurs ce qui est arrivé au film: à sa sortie, le film n'a pas été un succès, ni public, ni critique car tout le monde (dont moi, j'ai honte de l'avouer) s'attendait à un Dawn... bis!


Mea Culpa, donc...


Il me faut quand même parler des acteurs principaux ici:


-le regretté Joe Pilato incarne à merveille l'antagoniste soit le Capitaine Rhodes, militaire jusqu'au bout des ongles qui refuse de voir que le monde tel qu'il l'a connu n'existe plus,


-le regretté Gary Howard Klar dans l'uniforme du soldat barbu Steel, bras droit loyal de Rhodes,


-le regretté Ralph Marrero, le pote rigolard et borderline de Steel (qui finira déchiqueté par les zombis),


-le regretté Richard Liberty dans la blouse de l'ambigüe Dr. Logan a.k.a Frankenstein, qui réussit à donner beaucoup de réalisme à ce personnage singulier, mélange de savant fou à la Mengele et d'un humaniste (il a réussi à rendre Bub moins primaire, quand même !),


-Lori Cardille - soit la première femme forte dans les films de zombis "Romérien" - qui incarne avec conviction le Dr Bowman, humaniste mais blindé petit bout de femme,


-Anthony Dileo Jr dans le rôle de Carlos, homme sensible, nerveux et impulsif dont le stress visible a été cultivé par l'acteur même lorsqu'il ne tournait pas de scènes, C'est donc ce qui donne tout ce côté émotionnellement fort à ce personnage.


Bien sûr, il ne faut pas oublier les incroyables effets de Sieur Tom Savini qui surpasse son propre travail sur Dawn...
La tripaille est d'un réalisme terrifiant...
Alors, rappellons vite fait que Savini a expié ses visions de cauchemar hérité de son passage au Vietnam en tant que photographe de guerre:
"When I was in Vietnam I was a combat photographer. My job was to shoot images of damage to machines and to people. Through my lens, I saw some hideous [stuff]. To cope with it, I guess I tried to think of it as special effects..."
(Quand j'étais au Vietnam, j'étais un photographe de guerre. Mon boulot était donc de photographier les dégâts causés et aux engins et aux personnes. Via mon objectif, j'ai vu des choses horribles. Pour ne pas péter un cable, je me plais à m'imaginer que j'ai tenté de me dire que c'était des effets spéciaux...)


Contrairement à Night... puis Dawn..., Day... ne parle plus de racisme ni d'individualisme ni même de consummérisme , mais de rigidité militaire, des débordements scientifiques et de la déshumanisation des humains vs l'humanisation de la créature (le formidable Bub).


Bub...
Ce personnage a sûrement sa grande importance dans le succès du film car Howard Sherman a su lui donner une gestuelle très spécifique et il se basa sur les mouvements des bébés, ne pouvant pas totalement contrôler leurs mouvements.
C'est aussi lui qui proposa à Romero la scène où Bub écoute de la musique (et opta pour du Beethoven, par la même occasion).


En parlant de musique, John Harrison (ici, aussi premier assistant de Romero avant de devenir réalisaeur à sont tour avec Darkside) a réussi à créer une BO aussi mémorable que celle de Dawn... par Goblins.
Son Main Title commence par un battement de coeur anxiogène avant de bifurquer sur une mélodie "Hawaï style" avant de rajouter à nouveau des notes sombres: sacré équilibre que nous avons là:


Main Title by John Harrison:
https://www.youtube.com/watch?v=KUCzXtzqJ9Y&list=PLhXW8z_Sv_Bd14glcCrnug1oiQ9mhX3h7&index=1


Le reste est à l'avenant avec des nappes synthétiques que Carpenter himself n'aurait pas renié !


En résumé, nous avons donc une évolution des zombis chère à Romero, qui réussit ici à redonner du sang neuf au genre qu'il a créée himself !
Beaucoup plus subtil qu'il n'y parait, ce Day... mérite enfin de figurer fièrement aux côtés de ses deux ainés sans avoir à rougir le moins du monde !

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le 1 juin 2021

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The Lizard King

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