Le jour où la terre prit feu est un film non pas post apocalyptique mais pré apocalyptique et son originalité est qu’il mélange extrêmement intelligemment l’aspect pré apocalyptique et le film de presse : la plus grande partie du film est tournée dans les locaux d’un journal (ce sont les véritables bureaux du Daily Express à Fleet Street et Val Guest a confié le rôle du rédacteur en chef à Arthur Christiansen… ancien rédacteur en chef du Daily Express). Il y a bien sûr une raison d’économie mais la vie et l’agitation de la salle de rédaction sont extrêmement bien rendues dans le film et cet aspect n’empêche nullement un bon suspense.
Le film bénéficie aussi d’une excellente interprétation est d’un superbe cinémascope en noir et blanc qui permet à Val Guest de montrer tout son art du cadrage et de la composition des plans. Par ailleurs, malgré le petit budget, les visions de cette pré apocalypse sont extrêmement réussies, notamment la très belle séquence de brouillard. Il y a aussi un véritable art dans l’utilisation de stock-shots qui sont parfaitement raccordés avec les scènes tournées par Val Guest, ce qui est extrêmement rare pour un film de science-fiction à petit budget.
Et le film ne manque pas de finesse ! Dans ce genre de film on s’attend en général à ce que la catastrophe amène la refondation de la famille séparée. Mais ici ce n’est pas du tout le cas et, au contraire, elle amène à l’acceptation de cette séparation avec une séquence vraiment superbe où Peter (Edward Judd) reparle enfin à sa femme et accepte la présence de son nouveau mari.
Il faut aussi noter que les auteurs du scénario ont prévu plusieurs décennies en avance les dérèglements climatiques actuels. Car la catastrophe n’est pas due à la guerre mais simplement à des essais atomiques qui ont bouleversé l’équilibre de la planète entraînant un réchauffement accéléré.
Terminons par la fin, elle aussi admirable puisque malgré un dernier plan sur une basilique avec une croix et des cloches qui sonnent qui a été exigé par la production, le film se termine sur du noir et le traditionnel mot « fin » n’apparaît pas. Car le film laisse la fin ouverte : la planète sera-t-elle sauvée ou ne sera-t-elle pas sauvée ? C’est ce que montre le remarquable travelling, juste avant le plan de la basilique rajoutée par la production, qui passe sur les deux « une » du journal qui ont déjà été préparées : l’une où on annonce que la planète est sauvée, l’autre où l’on annonce que la fin est proche.