Le Journal d'une femme en blanc est un film nécessaire.
Il devrait être diffusé dans les écoles, sans voir un seul instant poindre la moindre polémique jaillir sur sa programmation tant le message qu'il porte est simple, puissant, sans ambages. Derechef nécessaire.
Car Le Journal d'une femme en blanc aborde la question du droit des femmes. Plus spécifiquement du droit à l'avortement. Prouesse et panache, Le journal d'une femme en blanc l'aborde en 1965. Avant mai 68, avant le droit à l'IVG. Simone de Beauvoir était déjà là (d'entrée de jeu, la couverture d'un de ses livres à droit à un gros plan) mais ses combats étaient encore illégitimes pour la majorité des français.
Sous couvert d'un scénario où les bonnes mœurs sont préservées (censure oblige) et une romance esquissée, Le journal d'une femme en blanc, par la bouche de son personnage Claude Sauvage (incarnée par la superbe Marie José-Nat), dézingue à tout va les poncifs d'une société patriarcale excessivement satisfaite d'elle même, et ce de la façon la plus simple qui soit. Elle énonce son infériorité. L'écrit, la raconte, la vit. C'est avec une fatalité sans véritable rébellion qu'elle constate froidement que ses aspirations seront toujours limitées. Si seulement elle était un homme !
L'action de Le Journal d'une femme en blanc se déroule exclusivement ou presque dans les murs d'un hôpital. Interne en gynécologie, le personnage de Claude Sauvage interroge également l'éthique et le devoir du médecin face à des patientes demandant des "astuces" pour ne pas tomber enceinte tout de suite, ou face aux complications tragiques qu'un avortement clandestin peut engendrer. Ce n'est pas si loin tout ça, il suffisait d'en discuter au sortir de la salle.
Le journal d'une femme en blanc est donc un film nécessaire. Il n'oublie pas d'être un excellent objet cinématographique. Réalisé très académiquement (donc sans fausse note) dans un noir et blanc somptueux (merci les restaurations Gaumont), on ne s'ennuie pas une seconde. L’enchaînement des péripéties impliquent des personnages secondaires tous ambivalents par rapport aux thématiques abordées, enrichissant un débat aussi feutré que rugissant.
Bref, Le journal d'une femme en blanc est un film à voir absolument.