Je partais avec un a priori positif, car "The Judge" s'apparente à ces films des années 80-90, qui sous couvert d'une enquête policière/judiciaire en guise de fil rouge, nous plongeaient au cœur de l'Amérique profonde, n'hésitant pas à brasser les genres, alternant pêle-mêle drame familial, comédie et romance.
Un type de cinéma "total" susceptible de divertir un large public, sans pour autant le prendre pour un idiot.
Je pense à des films tels que "The Rainmaker" de Coppola, "The Gingerbread Man" d'Altman, "True Confession" de Grosbard, aux films de Joel Schumacher adaptés de John Grisham ("A Time to Kill", "The Client"), ou plus récemment à "The Lincoln Lawyer" par exemple...
Si "The Judge" appartient bel et bien à cette catégorie, à l'image de son magnifique casting autour des deux monstres sacrés Robert Duvall et Robert Downey Jr, le film de David Dobkin ne tient malheureusement pas toutes ses promesses, plombé par quelques choix douteux.
On assiste ainsi à une collection de clichés (personnages, situations, dialogues), mais j'étais prêt à les pardonner au nom de cet hommage à un cinéma old school, de même que le cabotinage parfois outrancier de Downey Jr, un comédien que j'adore.
En revanche, la durée apparaît clairement excessive, car les 2H20 ne se justifient pas.
Ce qui rejoint mon ultime reproche, le plus gênant : l'intrigue policière s'achève en eau de boudin, sans l'ultime rebondissement de rigueur en pareil cas, censé surprendre le spectateur et remettre le scénario en perspective (comme par exemple dans "Presumed Innocent" de Pakula, ou dans "Just Cause" avec Sean Connery).
Que les scénaristes n'aient pas souhaité faire usage de ce procédé souvent artificiel, pourquoi pas, mais alors j'en reviens à la durée du film, complètement déraisonnable pour une "simple" chronique familiale.
"The Judge" reste néanmoins un film sympathique, porté par sa superbe distribution, y compris dans les seconds rôles, à l'image de Billy Bob Thornton, Vincent D'Onofrio, Jeremy Strong, sans oublier les deux seuls visages féminins, Vera Farmiga et Leighton Meester, qu'on aurait aimé voir davantage.
Un dernier mot sur l'aspect formel : la photo élégante de Janusz Kaminski relève la mise en scène impersonnelle de David Dobkin (plus habitué aux comédies pop-corn), plombée par certaines transitions assez cheap au niveau du montage.