Michel Galabru est vraiment étonnant dans ce film. Son personnage dérive progressivement vers la folie : d'abord amoureux déchu qui a tendance à s'emporter, il devient un illuminé, un meurtrier aux pulsions destructrices incontrôlées. Philippe Noiret lui est un juge qui rêve de gloire. Il n'hésite pas à manipuler pour arriver à ses fins : il obtiendra des aveux écrits et la dénégation de la folie de son suspect. Le film est teinté de politique, d'inégalité sociale, de religion. Socialistes / Républicain, pro-Dreyfus / anti-Dreyfus, les conflits majeurs de la fin du XIXe siècle sont là. Les dernières lignes du film, durant le générique, sont assez perturbantes. Elle mettent en relation les 12 victimes mineures de l'assassin et les milliers d'enfants morts dans les usines pendant cette période. Une manière je suppose de rappeler les inégalités de l'époque mais qui, avec notre point de vue actuel, ressemble davantage à une minimisation des meurtres. Qu'importe. Ce film peint la réalité de l'époque, et il fait réfléchir. Bravo Bertrand Tavernier. Il faut voir cette œuvre sans hésiter.