Le Labyrinthe de Pan, El Laberinto Del Fauno, dans son titre original préférable, est sans aucun doute l’œuvre qui m’a le plus marqué et inspiré dans mon travail d’auteur. Je la trouve fascinante.
Fantaisie sombre, film historique, guerre, drame, horreur-épouvante, thriller, conte, aventure, toutes les étiquettes lui vont bien. Écrit, produit et réalisé par Guillermo Del Toro, il va sans dire que le très talentueux artiste croyait en son travail. Parabole inspirée par les contes de fées, l’histoire se déroule une année après la guerre d'Espagne. La jeune Ofelia se voit désignée par un faune comme la princesse d'un monde parallèle. Elle doit réussir trois épreuves dangereuses pour le regagner tandis que sa mère, enceinte, est de plus en plus malade et que son beau-père, le cruel capitaine Vidal, traque la guérilla anti-franquiste de la région.
Avec cette critique, je ne saurais rendre justice à ce film que j’aime tant. Mais je vais tout de même essayer. Le film mélange les genres avec minutie, comme un travail d’orfèvre, chaque élément est à sa place, et aucun aspect de l’œuvre ne vampirise un autre. Tout est juste. La subtilité du scénario, les thèmes abordés, la dimension fantastique, et surtout cette constante opposition du monde de l’enfance avec les atrocités des hommes, et la guerre. L’intention est magnifique. Les personnages sont bien définis, jamais je n’ai autant détesté un personnage que cet horrible Vidal. Ofelia est si touchante, on a envie de préserver ses rêves d’enfant. En parlant de ça, le contexte et la fin ambiguë contribuent également à l’efficacité de l’histoire. Chacun interprétera à sa manière l’existence ou non du monde fantastique. Le réalisateur affirme que le monde existe, ce n’est pas l’impression que j’ai eue lorsque j’ai vu le film la première fois, mais aujourd’hui que je le revois je redécouvre l’histoire sous un autre prisme. J’adore ce genre de film qui bénéficie d’une conclusion qui change de dimension selon la période de notre vie où nous les visionnons.
Les dialogues sont bien pensés, intelligents. La bande son est très jolie.
Techniquement, le résultat graphique est à couper le souffle. Les créatures sont hypnotiques, la direction artistique est dingue, l’ambiance noire et froide et les couleurs sont remarquables.
Pour ce qui est des défauts, je trouve le film beaucoup, mais alors beaucoup trop violent. La scène du braconnier et de son fils m’a littéralement traumatisé. Del Toro est allé un peu trop loin dans le versant « violence des adultes ». Il aurait pu lever le pied. Pour autant, j’ai réfléchi si cette appréciation devait se ressentir sur ma note finale, et j’ai décidé que je conserverais la note maximale, car après tout c’est l’un de mes chefs-d’œuvre préférés, l’un des coups de cœur que le temps a préservé intact.
Le casting est parfait. J’ai adoré le naturel inné de l’actrice principale, Ivana Baquero. Sergi Lopez incarne le pire méchant de toute l’histoire du cinéma, terriblement efficace et crédible. Maribel Verdu joue le rôle d’une servante débordante de tendresse. J’ai adoré son jeu. Et bien évidemment, l’autre star du film est cachée par ses costumes et son maquillage, Doug Jones, qui joue le faune et l’homme pâle, à moitié enchanté à moitié monstrueux, ne démérite pas non plus. J’ajoute qu’Ariadna Gil, qui incarne la maman d’Ofélia, est particulièrement efficace aussi. On ne sait jamais si on l’aime ou si on ne l’aime pas, si on lui pardonne ou non d’avoir entraîné sa fille dans cette situation horrible. C’est aussi l’occasion de souligner le travail d’écriture qui est tout simplement génial.
Ce classique du cinéma moderne est l’un des meilleurs films hispaniques de tous les temps, l’un des meilleurs films fantastiques jamais réalisés, et bien sûr, le plus beau film de 2006, pour ne pas dire des années 2000.