Pour ce second long métrage, Almodovar opte pour une narration labyrinthique, enchevêtrée et volontairement désordonnée, où plusieurs récits s'entrelacent sans hiérarchie claire. Entre un prince en cavale et une chanteuse nymphomane, ses personnages marginaux incarnent un monde délirant, où tout semble possible, mais où rien ne trouve d'équilibre.
Visuellement, c’est une symphonie de couleurs saturées, de décors kitsch et de costumes outranciers, un univers où le mauvais goût règne en maître, mais avec une assurance si audacieuse qu'il frôle le sublime. La sexualité, omniprésente, s’affiche libérée, grotesque parfois, mais jubilatoire, un feu anarchique.
Almodóvar aborde des tabous tels que l’inceste ou la nymphomanie avec une légèreté provocante. L’énergie de la Movida - mouvement culturel qui a émergé à Madrid après la mort de Franco - infuse chaque scène, célébrant une Espagne vibrante et effervescente.
Pourtant, sous cette exubérance, le film souffre d’un excès de forme au détriment du fond. Les motifs saturés, les provocations répétées et la théâtralité sans retenue finissent par étouffer la subtilité. Ce chaos, qui aurait pu être cathartique, devient une accumulation où tout se noie, ne laissant qu’un souvenir éphémère.