Si la trame narrative de ce thriller reste classique et assez relâchée, le soin permanent apporté à la mise mise en scène se révèle passionnant. Onirisme poétique à l'oeuvre très inspiré dans plusieurs séquences: interaction sonore et visuelle assez pop entre le pistolet de Zenong et des images de presse aux murs, parmi lesquelles un avion de ligne semble stigmatiser ironiquement l'issue se resserrant (réminiscence du tarmac à la fin de "Heat" !?), sortie en barque "mizoguchienne", traque au zoo hallucinée...grande précision dans l'orchestration des plans séquences, un sens de l'espace scénique bien présent. Le stylisme chromatique est un régal (assez proche de Bi Gan mais plus audacieuse, moins techno digitale) . Soin apporté aux éclairages vraiment remarquable (très beau plan au cours d'une fusillade où Liu Aiai passent derrière des bâches sur lesquelles son ombre se dessine, ou plus tard l'ombre expressionniste de Zenong apparaissant consécutivement au viol - souvenir flou d'un film noir de la grande époque où le tapassage en règle se manifestait en ombres chinoises sur un mur de ruelle malfamée, un Jules Dassin ? ...).
Une police qui poursuit la pègre en enquêtant prioritairement parmi les "mécontents" (=dissidents !?), les individus "suspects" (à l'image nous voyons un pauvre alcoolique cuvant sur sa chaise, ou deux hommes dénudés - homosexuels ? - interpelés dans une chambre !!!), et qui semble ne s'intéresser qu'à l'aboutissement de la mission officielle, (déclenchée par un homicide involontaire), se conformant à la propagande d'état relayée par les médias (Liu Aiai recevra une spectaculaire récompense en espèces devant les caméras afin que la population saisissent bien le "patriotisme" de son geste). Et tant pis si les apparences sont trompeuses, le problème n'est pas là ! D'ailleurs le capitaine s'en tape, une fois que...! (bon, j'en dis pas plus !) Ce qui compte comme partout mais particulièrement en Chine, c'est de garder la face, de donner l'illusion de maitriser la situation. Tant que les instances du pouvoir sont confortées dans leur légitimité, vraie justice et moralité peuvent bien passer à la trappe !