Disney a les crocs !!!

Difficile de nier la démesure de cette nouvelle superproduction, ni l'accomplissement de son projet technologique. Visuellement époustouflant, Le Livre de la jungle est à se pincer : c'est bien simple, jamais dans l'histoire du cinéma, les effets visuels n'étaient parvenus à reproduire du vivant avec une telle authenticité. Accumulant les tableaux remplis d'animaux en tous genres, créés intégralement en images de synthèse pour des raisons de timing, de narration et de sécurité, Le Livre de la jungle multiplie les enjeux technologiques où chaque représentant de l'ordre animal se montrent ici aussi crédible que pouvait l'être le tigre d'Ang Lee de son Odyssée de Pi. Cette nouvelle parade animale rappelle la puissance artistique de Weta Digital. Vétérans du Seigneur des Anneaux, d'Avatar ou de La Planète des singes : Les Origines, ils sont les grands héros du projet, ceux par qui la magie parvient à s'exprimer à l'écran...

L’origine de l’histoire du Livre de la Jungle débute en 1894. Elle poursuit sa route dans les mains des studios Disney avec une première adaptation de l’histoire en film d’animation. Dans le film de Jon Favreau, l’histoire reste la même que la version de 1967. Pourtant, dans la version originale du dessin animé, aucun des personnages n’était féminin. Et la seule petite fille à apparaître à la fin chantait un refrain d’un autre temps. Jon Favreau a réparé l’affront en féminisant son casting de stars mené par Bill Murray en Baloo (Lambert Wilson dans la version française) et Christopher Walken en roi Louie (Eddy Mitchell). Car pour le coup, le loup Raksha devient une louve incarnée par Lupita Nyong’o (Cécile de France) tandis que le serpent Kaa se mue, sous les intonations rauques de Scarlett Johansson (Leïla Bekhti), en tentatrice un rien perverse dans une scène étrange, qui voit Mowgli manquer de succomber à son charme. Un instant très sexualisée...

Car le jeune public aura droit à une teneur étonnamment adulte qui justifie ce remake. En effet, le seul village humain est un peu montré comme l’enfer sur terre. La relation entre Shere Khan et Mowgli est également modifiée de manière inédite : le tigre n’en veut plus aux humains d’une manière générale mais à Mowgli en particulier, le petit d’homme étant le fils de celui qui a brulé un oeil du tigre. Il s’agit donc désormais d’une histoire de vengeance bien ciblée. Enfin, le faite de faire taire religieusement les éléphants efface l’anthropomorphisme pour faire place à un sentiment de merveilleux et de mystère. Autant de choix artistiques qui donnent de la substance à la prouesse technologique !!!