Après un "Microbe et Gasoil", qui était assez mignon et drôle, et qui est déjà assez vieux, on retrouve enfin Gondry au cinéma, avec Pierre Niney dans le rôle-titre. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais j'ai été étonnement surpris.
Déjà Pierre Niney est assez incroyable dans son rôle, en tant que Marc Becker, réalisateur complètement mégalo, mais surtout bipolaire, puisqu'il rend compte (en parti) du réalisateur lui-même, notamment quand il a découvert sa bipolarité à l'époque de son film "L'Écume des jours". Mais au-delà de ce côté autobiographique, le personnage principal est vraiment fascinant, quand bien même il pourrait paraitre détestable, à avoir mille-et-une idées de merde à la seconde, son innocence et son point de vue enfantin sur la situation sont vraiment touchants, et Pierre Niney arrive vraiment à donner vie à ce personnage. Typiquement dans ce type de rôle que j'arrive à comprendre le talent de cet acteur.
Le reste du casting est aussi assez réussi, notamment Blanche Gardin, avec son flegme nonchalant qui fonctionne vraiment bien, sans en faire de trop. Frankie Wallach qui joue quasiment aussi bien que sur les pubs EDF (ce n'est pas ironique), ou même Camille Rutherford, que j'avais beaucoup aimé dans "Anatomie d'une chute" récemment, et il ne faudrait pas oublier Françoise Lebrun, que j'avais beaucoup aimé dans "Vortex" l'année dernière (oui je n'ai pas vu grand chose d'elle, vous n'allez pas me croire). Mais aussi Mourad Boudaoud qui tousse vraiment super bien.
Et dans la mise en scène il y a toujours une certaine folie, avec quelques scènes en stop motion, notamment le dessin-animé "Max le renard ouvre son salon de coiffure", après s'être gratuitement fait écrasé. Ou encore "la règle de la seconde vitesse" (qui à coup sûr sauvera des millions de vies), avec un balai de voiture calmement collés très proche derrière, dans un mouvement presque surréaliste et enfantin. Le film pourrait presque surprendre à aborder des thématiques beaucoup plus sérieuses et graves, comme le meurtre ou l'inceste, mais toujours dans un humour innocent.
Le point d'orgue du film sera la scène de l'orchestre, que Marc Becker dirigera sans aucune compétence, mais arrivera à communiquer tant bien que mal, avec des gestes improbables, quelque chose de magnifique (scène quasiment autobiographique, total dingo).
Bref, j'ai adoré ce film, notamment avec l'innocence et la tendresse du personnage joué Pierre Niney, qui balancera des remarques invraisemblables, mais sera aussi touchant, et ira jusqu'à pleurer quand on dira d'un dessin d'enfant qu'il est un "gribouillis". Si l'énergie de Niney n'était pas aussi communicative, peut-être que le film n'aurait pas autant fonctionné. A coup sûr, un film drôle et léger, du sujet compliqué à mettre en valeur qu'est la bipolarité.
Post-scriptum : droit de réponse à moi-même. L'un des trucs qui m'a plus ou moins gêné, mais dont j'ai décidé de faire abstraction, c'est que le Marc Becker semble être dénué de talent. A aucun moment dans le film on le voit travailler (correctement du moins). Alors certes, c'est probablement juste un moment précis, notamment sa phase maniaque, qu'on voit à l'écran. Mais le manque de mise en contexte de cet artiste met à mal la considération du personnage. Nous spectateurs, ne connaissons que sa connerie. Alors oui il est rigolo, mais pas vraiment crédible à sortir un film acclamé.
(Vu le 23 septembre 2023)
On en parle dans le Ciné-florg #54