N’est-il pas plus beau cadeau de Noël que de recevoir un Scorcese au pied du sapin un 25 décembre ? Cinquième collaboration avec Leonardo DiCaprio, qui pourrait ENFIN rafler un Oscar pour sa prestation, sinon moi je comprends plus rien à la logique d’Hollywood… Fin bref, allons-y tout de go ! (Et allons-y en VO).

The Wolf of Wall Street reprend l’histoire (vraie) de Jordan Belfort, un petit malin qui s’est frayé un chemin dans le milieu de la finance par des moyens pas très réglos, et qui est devenu plus riche qu’Oncle Picsou en montant sa boîte de courtage financier. Dans la grande tradition Scorcese, ça se traduit comme le récit d’un mec ambitieux qui gravit les échelons de la société à toute vitesse pour se casser la gueule au bout ! (note : ne considérez pas ceci comme un spoiler…), et qui ici méprise complètement les simples d’esprit qui eux n’ont pas su s’enrichir.

Attention, film de trois heures ! Long ? Oui. Mais terriblement captivant tant il nous gave à l’excès. La règle est simple : Toujours plus ! Quelques mois plus tôt, Spring Breakers avait timidement voulu pousser le cri du vice, sans trop se faire entendre du grand public mais en le faisant pas trop mal. L’ami Marty termine le boulot en déballant sans vergogne des valises de vices : drogue, sexe, alcool. Tout nous envahit jusqu’à l’overdose, tout nous inonde jusqu’à suffocation comme le montrera la scène de la tempête.

A la fois drôle, pathétique et excessif, DiCaprio est au sommet de son art, soutenu sans problèmes par des secondaires hilarants : Jonah Hill, entre autres, est excellent, et Matthew Mc Conaughey est génial pour le peu de temps qu’on le voit à l’écran. Quant à Jean Dujardin, il est tout à fait à sa place et colle à merveille au rôle de banquier suisse qu’on lui a confié. De fait, le cadre est correctement dynamité par la prestation complètement déjantée des acteurs. On retiendra dans les annales la séquence sous drogue dure d’un Leo complètement raide, qui exhorte au rire pendant vingt bonnes minutes, et qui m’a ramené au même délire que celui de Johnny Depp dans Las Vegas Parano.

Mais ce qu’il y a de génial avec Scorcese, c’est qu’il marie en osmose le drame et la comédie dans chacune de ses scènes. Un parfait équilibre qui maintient tout aussi bien le divertissement et l’aspect moral de l’œuvre sur la durée. Ne vous déplaise, ce film est taré. Passés les « Shit ! », les « Fuck off ! », les « Suck my fucking balls ! » et j’en passe, le délire comme il est filmé ici nous emporte avec lui comme il emporte les personnages de l’histoire dans le leur avec une mise en scène amphétaminée dans l’illusion de Belfort.

Et puis, il y a cette scène iconique entre Mc Conaughey et DiCaprio, qui raconte à elle seule le film : Le mentor apprend au jeune loup que la finance n’est rien qu’un jeu de séduction entre le client et le requin, après quoi ils tambourinent tout deux sur leurs poitrines tel King kong au sommet de Wall Street. Dans cette scène, on retrouve la virilité, le machisme, la misogynie, le mépris pour les classes moyennes, mais aussi l’illusion de la finance et l’insouciance provoquée par l’argent.

Une flotte de débats très justement soulevés dans une mise en scène remarquable, avec une densité permanente de contenu dans chaque plan, bourré à l’extrême de figurants, de billets, de filles nues, de drogues, de luxure, bref c’est génial… Bouclé en urgence pour pouvoir prétendre aux Oscars, The Wolf of Wall Street n’en reste pas moins savamment travaillé : une explosion de débauche au service d’un formidable pamphlet de la gourmandise. Du loup qui croque un à un tous les agneaux jusqu’à indigestion, et s’y brise les dents. Du Scorcese en grande pompe à dévorer sans retenue…

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le 28 déc. 2013

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