Money Money Money, Must be Funny...
Qu'on se le dise, Scorsese est de retour.
Pas vraiment emballé par son travail ces dernières années, j'ai été agréablement surpris comme je ne l'avais pas été depuis Les Infiltrés.
Pourtant, le film ne nous apprend vraiment rien de neuf sur les rouages de Wall Street, et nous sert toute l'imagerie outrancière et putassière que le grand public s'en fait. De ce point de vue là, on n'enfonce que des portes largement ouvertes.
La réussite du film est donc de donner de l'empathie à Jordan Belfort, ce symbole du rêve américain et du libéralisme décomplexé, pour mieux le dénoncer.
C'est donc bien évidemment l'appât du gain, la cupidité qui entraînera l'aliénation de ses acteurs, traçant la voie tant de fois explorée par son réalisateur, de l'Ascension fulgurante et à la lourde Chute de son "héros".
Comme d'habitude, la direction d'acteurs est fabuleuse. Ca cabotine sur chaque plan, les seconds rôles sont parfaits, mais évidemment, c'est Di Caprio qui livre une prestation phénoménale, physiquement impressionnante et parfois nuancée.
Le film se justifie à lui tout seul, rien que par l'enchaînement incroyable des scènes cultes dès la séquence de dialogue avec le génial Matthew McConaughey (et son chant guerrier totalement improvisé), en passant par les séances de prêche Capitaliste d'un Di Caprio hystérique, entrecoupées de fêtes non-stop façon Projet X/Bunga Bunga avec le cocktail habituel de sexe, drogue (surtout) et alcool.
J'avais parfois l'impression d'être devant un Tarantino qui s'était attaqué à la finance (surtout dans les séquences de dialogue à rallonge ou encore le grand guignol de certaines situations).
Bref, une sorte de Wall Street d'Oliver Stone sous acide. Pas vraiment son film le plus punk, mais les excès et l'insatiabilité des ses protagonistes sont une parfaite métaphore -certes simpliste- de ce monde de requins.
Finalement, on n'est que très rarement surpris par ce mash-up de ce que Scorsese a pu faire de mieux, mais ce classicisme ne pénalise que rarement ce plaisir coupable de quelques 3 heures, où l'on rira beaucoup de situations pourtant incongrues ou immorales.
Sans doute la force des grands réalisateurs.