La chute et l'ascension de Jordan Belfort, pur produit de l'Amérique Reaganienne, ou le seul dieu est celui du dollar, permettant toutes les folies et surtout les excès : drogues, putes, alcools et l'abondance de bien matériel, qu'il exhibe fièrement avec son sourire carnassier.

Leonardo Di Caprio en fait un personnage fascinant. Il est immense dans sa prestation, il porte quasiment le film à lui tout seul, sa folie est contagieuse, mais aussi dangereuse. Cet homme est bien un loup pour l'homme, il n'a aucune morale, une version plus trash de Gordon Gekko, surtout que lui, existe vraiment, ce qui le rend encore plus exécrable.
Durant ses 3 heures, on est pris par l'histoire, Martin Scorsese filmant avec une folie proche de son "A tombeau ouvert", un film mineur dans sa belle filmographie, mais dont la vitesse permettait de captiver le spectateur jusqu’à la fin. C'était en 1999, 14 ans plus tard, il est toujours animé par son amour du cinéma, continuant à surprendre et d’enchaîner des moments de folie pure, qui marque l'esprit, de part ses ralentis, tout comme par ses plans rapides, collant à la décadence de son personnage principal.

Les seconds rôles sont aussi excellents, Matthew McConaughey fait une performance courte, mais inoubliable. il est celui qui va influencer Jordan Belfort, portant en lui tout les travers, que celui-ci va amplifier, jusqu'à l’écœurement. Jonah Hill excelle aussi, ses tenues digne de "Wham", on devine son penchant pour l'homme, et surtout pour Jordan Belfort, malgré qu'il soit marié à sa cousine, ce qui nous offre de savoureuses scènes légères sur cette relation.
A l'opposé, Kyle Chandler est sobre en agent du FBI, discret au début, on attend sa confrontation avec Jordan Belfort, pour qu'il puisse étaler tout son talent. Il a enfin un vrai rôle au cinéma, il aura fallu sa rencontre avec Martin Scorsese, pour avoir un rôle conséquent et j'espère que ce n'est qu'un début. Enfin, Margot Robbie, une bombe blonde à la plastique parfaite, dont un autre loup; celui de Tex Avery; exploserait à sa vue. Mais surtout, elle est excellente actrice, ses confrontations avec Leonardo Di Caprio font partis des grands moments de film fleuve.

Un réalisateur toujours au sommet de son art, des acteurs en osmose avec lui, des dialogues savoureux, souvent drôles, des scènes proche des "Affranchis", des plans qui impriment la rétine; Le yacht avec en fond sonore un classique de Naughty by Nature "Hip Hop Hooray", avec tout ses passagers reproduisant la gestuelle du clip; l'employée qui accepte pour 10 000 dollars de se faire rasée le crâne et la fanfare, puis les strip-teaseuses qui entrent dans la salle; le sexe et la drogue exhibés sur leur lieu de travail, transformant celui-ci en un lieu de débauche et d'orgie, une sorte de Sodome du 20ème siècle, et tant d'autres durant ses 3 heures quasi-magistrales.
Après 2 heures de frénésie, la dernière heure sera plus calme, à l'image de la chute de Jordan Belfort. Elle est logique, mais comme après un bon shoot de crack, on se sent moins bien, un dur retour à la réalité et au cinéma, elle passe encore moins. Je ne peux pas dénigrer cette fin, comme je l'ai dit auparavant, elle est en accord avec l'histoire, avec le personnage, elle passera surement mieux lors d'un second visionnage, car il est évident que ce film se doit d'être revu, même si en dehors d'une salle de cinéma, l'impact risque d'être moins fort visuellement, mais peut-être plus fort dans sa narration, la réponse dans quelques mois.

A la lecture des différentes critiques, je suis gêné par l'admiration de certains pour ce personnage. Jordan Belfort ne peut pas être considéré comme un "héros", il y a une distance à ne pas franchir entre la fiction et le cinéma, c'est un être exécrable et immoral, tout comme la femme, n'est pas juste un objet sexuel, on peut qualifier le film de misogyne, il n'est que le reflet de notre société, il suffit d'allumer son poste de télévision pour s'en rendre compte.

C'est un beau cadeau de noël que nous offre Martin Scorsese et Leonardo Di Caprio, ils vont tout droit aux oscars, ce dernier voulant absolument le rôle, il a relevé le défi avec génie. Ce duo continue de nous offrir de grands moments de cinéma, ils ont l'amour de cet art et savent le transmettre pour mon grand bonheur, avec ce film immense, rejoint par le scénariste Terrence Winter, qui collabore déjà avec Marty sur l'excellent "Boardwalk Empire".
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le 30 déc. 2013

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Laurent Doe

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