Scorsese nous revient dans une forme éblouissante avec le loup de Wall street. J' avais l'impression depuis quelques années que ce brave Martin n'arrivait plus à faire un grand film comme il en a réalisé par le passé. Sa production restait d'une grande qualité, mais il manquait un petit quelque chose qui faisait que ses films plus récents souffraient un peu de la comparaison avec ses œuvres plus anciennes.
Si Scorsese était tombé dans une espèce de torpeur toute relative ces dernières années, ce film me donne l'impression qu'il est pour le réalisateur comme les monstrueuses lignes de coke que Jordan Belfort s'envoie à longueur de film. un sacré dynamisant!.
Le loup de Wall street est un film qui, dans sa structure, et dans sa manière de coller à son personnages principal vous fera immanquablement penser aux Affranchis où à Casino. D'une certaine manière, on pourrait le voir comme le troisième film d'un triptyque qu'on pourrait nommer grandeur et décadence américaine. Pourtant la comparaison s’arrête là, car en dehors de cette structure commune et du point de vue biographique commun, le nouveau film de Scorsese appartient à un genre différent des deux films précités.
Le loup de Wall street est une grande farce corrosive aussi amorale et vaine que l'est son personnage principal et le milieu dans lequel il évolue. Un film qui passe de la satire (les scène avec Matthew McConaughey, la scène de l’enfilage en bonne et due forme du premier Gogo riche de la toute nouvelle Stratton Oakmont), à la grosse farce qui ridiculise l'ensemble du millieu (la scène du Quaalude à retardement, les scènes dans l'avion, et tant d'autres). J'ai vraiment été surpris par le ton du film car Scorsese réalise presque un film humoristique avec son loup de Wall Street. Je trouve donc que les critiques qui affirment que Scorsese ne se renouvelle pas où qu'il est dans une caricature de lui même n'ont pas tout compris au film. J'ai d'ailleurs trouvé que le vieux Martin s'amusait beaucoup à caricaturer son propre cinéma, et qui plus est, il le fait avec beaucoup d'intelligence.
Certaines personnes reprochent au film d'être un peu vain, et je suis tout à fait d'accord avec eux, mais je pense que c'est voulu de la part de Scorsese. C'est cette vanité, cette futilité que Scorsese veut faire passer. Le film est excessif, mais est-ce que ça ne renvoie pas à cette mentalité du toujours plus , de la croissance éternelle( idée plus religieuse que rationnelle s'il en est) qu'on vend à la bande de gogos que nous sommes comme les actions merdiques sur lesquelles Belfort fait son beurre?
L'absence d'un discours moralisateur au premier degré qui vous piétine avec ses gros sabots semblant gêner certaines personnes aux entournures est également une des grandes réussites du film. Et le fait que (Mini spoil) Jordan Belfort ne s'en sorte pas si mal que ça, n'est rien de moins qu'une image réaliste transposée en forme d'analogie sur pellicule de l’impunité que possède le milieu des boursicoteurs(malgré leurs produits financiers toxiques ayant entraîné dans la misère de millions de personnes dans le monde, tout ce petit mondecontinue son bonhomme de chemin sans qu'il ait eu à subir le moindre problème, tout juste une petite remontrance sans aucune conséquence). La fin où Belfort est acclamé comme un éminent séminariste expert dans les techniques de vente va dans ce sens.
Nous n'avons plus besoin des grands méchants gangsters. Le grand méchant loup à troqué ses flingues pour un téléphone. Et si le loup à de grandes dents, ce n'est plus tant pour te manger mon enfant que pour afficher le plus beau des sourire afin que tu continues à lui faire confiance.
Le loup de Wall Street est donc une comédie corrosive réjouissante. Le film le plus drôle qu'ait fait Scorsese. Un grand huit de parc d'attraction bien barré, fun et décomplexé, qui fille à vitesse grand V sur un grand rail de coke , et qui associe la forme et le fond.Un film à voir de toute urgence, et le plus bel effort de Martin Scorsese depuis plus de dix ans. Vous sortirez de la séance avec une pêche d'enfer après avoir vu un film drôle, mais beaucoup plus subtil et intelligent qu'il ne le laisse à penser au premier regard.