Ce film, que je n'ai pas vu lors de sa sortie au cinéma, offrait à mes yeux, a priori et de part son sujet, bien peu d'attraits. Bon d'accord, mis à part le fait que l'immense Leonardo Di Caprio tenait le haut de l'affiche et que le génial Martin Scorsese se trouvait derrière la caméra.
Ce sont justement, je pense, les apports indubitables de ces deux géants qui font une bonne partie de la formidable qualité de ce film. Le charisme et la façon de jouer de Di Caprio (la majorité des autres acteurs se révèle tout à fait à la hauteur) nous font immédiatement entrer de plain-pied dans ce biopic époustouflant. Ou comment un jeune trader dévoré d'ambition et saturé de drogues va créer un ogre boursier qui dévorera tout sur son passage, y compris lui-même.

La façon dont sa vie totalement dissolue est montrée pourra parfois sembler complaisante (en particulier l'épilogue du film avec une justice américaine très arrangeante lorsqu'il s'agit de passer des accords avec la pire engeance) mais elle montre la folie qui peut saisir l'homme lorsqu'il perd pied avec la réalité. Le personnage principal le dit d'ailleurs à un moment "qui voudrait la vivre ?" en parlant de la vie "normale". Sa façon à lui d'y échapper est de vivre en permanence dans l'excitation sensorielle la plus folle, que ce soit au travers des drogues, du sexe ou des opérations financières (qui au passage enfoncent un peu plus dans la misère de pauvres hères désarmés). J'ai d'ailleurs trouvé ce parallèle intéressant, mettant au même niveau toutes ces activités lorsqu'elles sont pratiquées avec un tel extrémisme. Je me suis à ce propos demandé comment ce personnage avait pu y survivre après tant d'années de débauche absolue.
Son comportement et les conséquences sur son entourage me sont apparus pitoyables (en arriver à avoir des troubles moteurs par la prise de drogues est consternant et ravale l'Homme au rang de la bête) et c'est avec commisération, voire même pitié, que je l'ai suivi dans ses errements, même au plus haut de ce qui apparaît comme le couronnement de son ascension.

J'ai donc vu ce film comme une extraordinaire illustration de la perte de sens, de soi-même, dans l'illusion matérialiste représentée par l'argent roi et ses excès. Chacun pourrait sans nul doute être tenté par la facilité introduite au pays du capitalisme de se faire un nom et une fortune (ou l'inverse). Les personnages l'expriment dans le film "qui voudrait ne pas être riche ? A part les bouddhistes, personne". Justement, un des intérêt de cette oeuvre est de faire réfléchir à cette question.
Les plaisirs hédonistes sont sans doute un des moteurs de l'Homme, mais ils ne peuvent être une fin en soi, sans pour autant sombrer dans l'ascétisme le plus strict. La figuration de cette folie quasi hypnotique aurait pu faire oublier le fond. Mais c'est compter sur le talent du réalisateur.
Les questionnements et réflexions qui traversent ce film lui donnent toute sa saveur et c'est ivre de pitié, de répulsion et d'excitation intellectuelle que j'ai laissé se dérouler le générique de fin.
Bravo Mr Scorsese & Mr Di Caprio !
Apostille
8
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le 5 juil. 2014

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Apostille

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