Le Loup-garou par Gaby Aisthé
Raaa, les films des années 40... Je dirais même plus, les films fantastiques des années 40 !
Pas de super effets spéciaux, pas d'image de synthèse, pas d'action, de gore ou de testostérone à tout prix.
Non, ici, nous sommes sur un film fantastique qui se doit de jouer sur l'atmosphère, le maquillage et les personnages pour être crédible. Et il l'est !
Bon, d'accord, ce n'est pas, pour ma génération, un film d'horreur, un film qui fasse peur, devant lequel on sursaute.
Mais l'ambiance générale est assez sympathique, spécialement les scènes de la forêt, avec cette brume irréelle et cette obscurité envoutante. Visuellement parlant, je ne mettrai qu'un seul bémol : les rêveries du héros, prêt du camps de gitan, auraient put être mieux amenées, ou pas amenées du tout.
Le mythe du loup garou est confronté au rationalisme, à la science et à la médecine, et pour ma part, je trouve ca plutôt bien. On ne saute pas directement les pieds joins dans le fantastique et face à ses doutes, le personnage principal, avant de se mettre à accepter la réalité, essaye de trier les informations et de faire la part entre le vrai et l'imaginaire.
Cela nous permet également de voir comment, face à quelque chose qu'elle ne maîtrise pas, la science, la médecine peuvent sacrifier des gens en refusant catégoriquement de chercher plus loin, au delà de leurs certitudes et de leur supériorité supposée. D'autant que si les hôpitaux psychiatriques ne sont pas vraiment des paradis sur terre, à l'époque, finir à l'asile était bien pire que de finir en prison (au moins en prison, vous aviez une chance de conserver un brin de dignité et d'esprit).
Nous remarquons ici également à quel point les idées peuvent vite s'emballer et les jugements se faire dès lors que la routine et que notre petite vie tranquille se voit chamboulée (ce qui est encore le cas de nos jours). Une femme parle à un autre homme ? Elle est infidèle à son fiancé. Surtout si un drame a eu lieu au même moment (elle aurait dû l'éviter et est donc doublement coupable !). Un drame à lieu peu de temps après l'arrivée d'un homme ? C'est de sa faute (le Mal ne peut pas venir de l'intérieur !).
Ce film, pour son époque, est assez agréable à regarder, et les images n'ont pas trop mal vieillies. Bien sûr, il est un peu vieillot et explore un mythe qui a été maintes et maintes fois revisité depuis, mais il reste néanmoins agréable à regarder par une soirée pluvieuse, et aurait même mérité de durer quelques minutes de plus afin d'appuyer davantage les liens du héros avec son père ou sa charmante amie (ce qui aurait permis de mieux expliquer qu'elle veuille fuir avec lui soit dit en passant)
P.s: un 7 qui surnote un peu, mais un 6 aurait été un peu faiblard :)