Contrairement à beaucoup, j’ai une préférence pour Hurlements et son côté série B qui le rend plus enlevé que ce film de John Landis, pourtant, à bien des égards, plus abouti. Je ne suis pas trop client du ton décalé ou farfelu qui est ici à l’honneur. Même si cela donne une tonalité particulière à l’ensemble, cela déséquilibre, à mon sens, un récit foncièrement plus tragique, ainsi qu’en atteste son final abrupt. La redoutable efficacité des effets spéciaux, un poil meilleur, il faut en convenir, que ceux réalisés par Rob Bottin pourtant déjà très bons, ajoute une dimension horrifique plus puissante dans ce Loup-Garou de Londres. Outre la transformation spectaculaire de la bête, la bête elle-même, montrée avec parcimonie, est d’une très grande efficacité. Tout le film de John Landis repose finalement sur la dualité entre l’affreuse bête sanguinaire et le personnage de David, jeune étudiant insouciant et tombé amoureux de sa belle infirmière. Autrement dit, un film plutôt profond où le volet humoristique semble parfois dissonant.
Le tournage en Angleterre est, il faut l’avouer, une vraie plus-value. Toute la partie dans la lande et le pub est un régal. Le récit s’éloigne ensuite de la rustique campagne et de ses croyances pour s’inviter dans le monde urbain de la science médicale et de la logique policière. L’horreur prend alors corps dans le monde moderne et renverse le modèle établi. Le monde moderne devient l’image du désordre et de la perversion, même si John Landis pointe cela avec humour : le dernier lieu où se retrouve David est ainsi un cinéma de Piccadilly qui projette un film pornographique. C’est, fait amusant, tout le chemin inverse emprunté par le film de Joe Dante qui commence dans un cinéma pornographique de Los Angeles pour ensuite se dérouler dans la campagne américaine. Écrits en même temps, tournés à la même période et sortis à quelques mois d’intervalle, les deux sont un vrai régal à comparer, autant au niveau du récit, du ton que des effets spéciaux où le maître et l’élève ont travaillé.
Le Loup-Garou de Londres n’est donc pas seulement un film qui cherche à impressionner et à entraîner dans un récit trépidant. C’est aussi un film riche en symboles et qui joue sur les paradoxes. Les thèmes s’entremêlent avec intelligence, mais ils ont aussi tendance à s’entrechoquer aussi. Entre drame, comédie, horreur et romance, le travail de Landis se révèle moins fun que son rival. C’est un bon film mais sa multiplicité de tons le rend parfois franchement désarçonnant.
6 ou 7 ?