Bien avant les adaptations ciné d'OSS 117 et les comédies délirantes du trio Zucker - Abrahams - Zucker, Philippe de Broca signait une merveille de film parodique, singeant avec talent et créativité les films d'espionnage à la James Bond.
Dans "Le magnifique", le réalisateur français s'appuie en priorité sur la gouaille et l'énergie dévastatrice de la superstar Belmondo, qui réussit sans doute dans ce film la performance comique la plus aboutie de toute sa carrière. Tour à tour le triste et banal écrivaillon François Merlin puis le flamboyant Bob Saint-Clar, agent secret séducteur et courageux, fruit de son imagination fertile et de ses frustrations personnelles, Bebel nous gratifie d'un numéro de cabotin irrésistible, pour peu que l'on ne soit pas allergique à son personnage bondissant.
A ses côtés, on est d'abord dérouté par la présence un peu froide de Jaqueline Bisset, qui dénote légèrement avec sa voix grave et ses grandes jambes de sauterelle, mais la jeune et jolie anglaise finit par s'imposer sans problème, bien entraînée par la tornade Belmondo qui l'embarque dans ses pitreries. Et sa course au ralenti sur la plage en petit bikini blanc achève de convaincre les plus sceptiques...
Alors certes, les nombreux gags ne sont pas tous réussis, et on constate quelques brefs trous d'air dans le récit, mais quel plaisir jubilatoire nous offre ce "Magnifique", qui reprend à son compte le dynamisme échevelé de "L'homme de Rio" (sorti dix ans plus tôt), en le dotant d'un humour plus adulte et d'une durée plus raisonnable.
Même les effets spéciaux particulièrement datés pour certains ne posent guère de souci, puisque les maladresses s'inscrivent inconsciemment dans la dimension parodique du projet.
A l'arrivée, "Le magnifique" connut un succès retentissant, Philippe de Broca réussissant probablement sa comédie la plus hilarante, rehaussée encore par la musique entraînante de Claude Bolling.
A noter la présence parmi les seconds rôles de quelques visages connus tels que Jean Lefebvre, Mario David ou Hubert Deschamps, tandis que le grand méchant de l'histoire, à la fois éditeur de Merlin et diabolique colonel Karpov, est incarné par l'italien Vittorio Caprioli.