Dans Le Maître de musique, une reconstitution et une écriture soignées rencontrent une interprétation faible, qui me fait d'ailleurs m'étonner que le tout soit si bien coté. Le reste le justifie d'une manière pourtant ambiguë, comme si l'œuvre se rattrapait d'être un mauvais film en devenant un bon téléfilm (dans la progression elliptique des relations entre les personnages par exemple).
"Mauvais", cependant, c'est exagéré : son amour de la musique et le soin apporté aux leçons ainsi qu'à la construction de personnages qui ont un caractère fort et un physique étonnant, tout résulte d'une volonté exotique mais précise de se projeter près d'un siècle en arrière.
De plus, la qualité ira croissant jusqu'au pinacle : l'orgueil d'un puissant vaincu, la persévérance d'un humble professeur vainquant in extremis, et surtout les élèves triomphant autant par leur talent que par l'amour qui a grandi entre eux, grâce à leurs peines communes et malgré des différences qui furent secrètement abattues… il faut du temps mais tout valorise finalement l'usage d'un playback qui aura rarement été aussi bien senti.
→ Quantième Art