La femme aux fourneaux, mais récompensée !
J'aime beaucoup ce que peut faire Dreyer, avec une grande préférence pour la Passion de Jeanne d'Arc, mais ce film là me laisse un peu dubitatif, principalement à cause de son thème et de son traitement. Alors à l'époque ce n'était sans doute pas la même chose, mais en gros c'est très manichéen, ce type méchant qui n'est gentil avec personne, aigri, un type détestable qu se faire prendre une bonne leçon par un groupe de femmes... Moarf...
Je vois ça, je pense surtout à ce que disait Nietzsche sur les faibles qui se mettent ensemble pour torturer les forts. Parce que question vieille castratrice, le film fait fort... Il va même assez loin dans l'humiliation de ce pauvre type. Et puis la solidarité féminine...
Cependant, malgré ce script pas franchement intéressant et palpitant, c'est vraiment la mise en scène de Dreyer et plus exactement son sens du cadre qui fait que le film ne soit pas totalement détestable, parce que peu importe ce qui se passe... peu importe à quel point le film tente de faire en sorte qu'on le déteste, du moins au début... et bien la mise en scène va le filmer avec beaucoup d'empathie. Dreyer sait poser son cadre, filmer ce qui est beau dans une scène. Et ça, ça fait tout !
Parce que du coup, ce pamphlet féministe et humiliant, se transforme en quelque chose de certes trop long, trop manichéen, mais plutôt touchant. Et ça c'est beau.
Alors je ne vais dire que j'ai aimé le film, ça serait mentir et bien un grand mot, mais disons qu'il se sauve lui-même de la catastrophe bienpensante et moralisatrice.