Aube d’orée
Revigorante rupture que celle opérée par Ryusuke Hamaguchi : après des films volontiers verbeux et littéraires, explorant les complexes oscillations des rapports humains et amoureux, Le Mal n’existe...
le 14 avr. 2024
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Assez original,marquant et prenant de par sa lenteur et la fluidité du récit, on a ici affaire à un film naturaliste qui tente de capter l’indicible de la nature et des Hommes. Remarquable par son traitement intelligent des personnages et par la beauté sensorielle de son esthétique froide,intime et subtile.
J’étais un peu dans l’appréhension par le choix d’un cadre rural et communautaire pour le film et en plus opposé face au monde techno urbain Tokyoite , avec le risque d’un message réactionnaire ou simpliste mais finalement l’écriture fine et la réalisation chirurgicale d’Hamaguchi donne un film profondément vrai.
Entre les plan fixes maîtrisés et les séquences dans la forêt et la maison , le maestro japonais met en scène des moments de vie d’un grand intérêt comme celle des habitants face à l’entreprise de glamping , ou là précison des dialogues , la justesse du jeu d’acteur et le rythme qui immerge nous fait comprendre la sincérité du récit et des personnages.
Le geste est central dans le film, tout comme le silence de l’environnement et la répétition des actions qui installent un cadre de la quiétude presque inscrit dans l’éternité , le danger industriel est d’autant plus grand puisque la société capitaliste cynique vient détruire la faune et la flore au profit de bénéfices et d’une superficialité de l’image d’entreprise. Mais par sa poésie continue ,et par son titre le film entre en profondeur en traitant les deux salariés qui servent de chair à canon , leur relation est captivante (et leur opposition face au patron) et les secrets qu’ils s’avouent sont intéressants à mettre en perspective face aux villageois. Leur manière d’approcher le personnage principal est d’une belle naïveté , le peu de mots de celui ci marquent le film , que ce soit la fin ou même avant.
Et cette fin qui m’a laissé perplexe à la sortie , j’avoue ne pas vouloir la traiter,la théoriser ou lui donner un intérêt esthétique et intellectuel, cette scène de violence est parfaite et doit être ici ,face aux animaux sauvages et la fille innocente. ( je sais pas où le mettre mais l’affiche est magnifique ou le fin est d’ailleurs annoncé avec le lac et le cerf)
Le réalisateur du chef d’œuvre Drive My car nous a encore pendu un film personnel qui mêle un message écologique (quoique effleuré comme thème mais c’est pas le sujet du coup on pardonne) et une réflexion sur l’être et son intimité physique, avec comme toujours de magnifiques séquences visuelles de contemplation où le début rejoint la fin comme dans un cycle , du jour hivernal à la nuit glaciale. En somme y a un malaise qui est présent durant tout le film et c’est un aspect particulièrement réussi.
Par l’exploitation de la nature et de ses ressources on exploite et on détruit aussi la communauté humaine ,cette idée marxiste de Pannekoek est bien représenté ici.
Je conclue en disant que c’est clairement un film Heideggerien par sa critique de la technique et des infrastructures et son rapport à l’être et au monde enfin ça c’est selon quelqu’un de très smart ,bref à méditer …(et aller le voir déjà le film de l’année )
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Créée
le 17 avr. 2024
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