Dans un coin un brin xénophobe et catholique du sud des Etats-Unis, un jeune homme de retour dans sa ville se dérègle peu à peu, marqué par le souvenir de son grand père évangéliste et par sa situation actuelle. Il décide de devenir prêcheur ambulant en fondant une secte : l’Eglise sans Christ.
Derrière toute la question religieuse, qui au fond intéresse peu Huston ici, c’est une façade, le film rejoint en fait la thématique de la loose qui imprègne une bonne partie de la filmographie du cinéaste. Il expose des personnages paumés, déréglés, qui cherchent tant bien que mal à exister, à faire quelque chose qui serait marquant ou beaucoup moins. La mise en scène de Huston, marquée par le Nouvel Hollywood, tout comme dans Fat City, a rarement été aussi inspirée, instaurant un climat sulfureux et étrange. Et ponctuée d’étrangetés, au sein même de la narration, dans l’écriture des personnages, mais également par des éléments qui viennent surgir : une voiture qui démarre quand elle le veut, un petit corps réduit et desséché par des indiens d’Amazonie et qui fait office de nouveau Jesus, un gorille ambulant,… Mais contrairement à Reflets dans l’œil d’or par exemple, je trouve qu’ici les éléments ont beau surgir, étranges et beaux, mais ils sont incarnés et existent.