Conte initiatique sur l'intégrité de l'individu, son identité, dans un environnement en mutation, traité de manière néo-réaliste où l'innocente probité, la naïveté, se brise pour révéler la prudence ou duplicité requise en société* (moderne sénégalaise). L'opposition entre deux mondes est assez remarquable en ce sens qu'elle s'opère en nuance, sans manichéisme. A la sphère traditionnelle, aussi généreuse que soucieuse de sa réputation, bigote, patriarcale, vaniteuse, analphabète, répond la société moderne corrompue (mendicité sournoise, convoitise, alcoolisme, hypocrisie...), mais plus favorable à l'émancipation (féminine, éducationnelle, matérielle). Immersion remarquable dans la réalité urbaine, quasi documentaire, déployées sur trois niveaux. Au village fait écho la ville sénégalaise et Paris. Si on passe certaines expressions d'Ibrahima ou raccourcis dans la narration un peu poussifs (malhonnêteté abusée du photographe lui volant en plus le mandat !) , la problématique de la société dakaroise étendue jusque dans une approche distanciée (neveu parisien Abdou) au travers d'un personnage dont on comprend la solitude, le désarroi, est habilement écrite.