L’histoire d’amour vue mille fois est délaissée assez vite pour nous concentrer sur le dressage d’un singe par l’assistant de l’étranger qui est encore plus terrifiant que l’étranger lui-même : le dressage du singe est le gros morceau bien lent du film mais comme chaque séquence, tout trouvera finalement une place dans un dénouement assez surprenant.
« Le manoir de la peur » compile tous les trucs du cinéma épouvante : donc, la maison soi-disant « hantée », le cimetière, les villageois ayant eu écho de Satan au moyen-âge qui soupçonnent le premier venu un tant soi peu bizarre (ici Jean devenu ami avec l’étranger) d’être le méchant, sortant les fourches à l’occasion. Mais les réalisateurs et scénaristes Alfred Machin et Henry Wuschleger sont plus malins que cela, jouant avec les nerfs du spectateur jusqu’au final, car en fait, la peur que peut générer certains séquences
est en fait l’image de l’imagination des villageois
.
Le dénouement vraiment très futé avec son lot de révélations nous fait comprendre
qu’il n’y a absolument rien d’irrationnel, que l’étranger est en fait un être humain endeuillé par les décès de sa femme et de sa fille, mortes de tuberculose dont il espère trouver un remède ignorant que son assistant est un voleur se servant du singe pour commettre des larcins (ce que nous nous savons depuis le début) : donc vraiment rien de paranormal.
Il y a même une scène d’action – inspiré d’un fait réel – où un train perd son contrôle et se fracasse dans un ravin.
Le message du film est qu'il ne faut pas se fier aux apparences et ne croire que ce que l’on voit et non ce que l’on croit voir. La musique d’accompagnement qui m’a fait penser à celle de « L’inhumaine » (peut-être les mêmes compositeurs) instrumentale, jazzy colle parfaitement à l’univers et colle les chocottes bien comme il faut quand il le faut. Par certaines séquences et décors ce film fait penser à « Nosferatu » tourné deux ans plus tôt, sans doute une source d’inspiration pour des auteurs plutôt lucides.
Point toute fois assez noir de ce sympathique film d’épouvante (même si il n’y a finalement rien de vraiment effrayant) français : la narration et les dialogues clairement désuets.