C’est quoi ce film ? Pas de fiction, pas scénarisé, en roue libre. Steve McQueen joue Steve McQueen pendant 24 heures, au Mans. La légende veut qu’il passait plus de temps à suivre les courses, qu’à tourner le film ; ça se sent. Pas concerné plus que ça, Steve. Le cinéaste( ?) aurait dû comprendre, assumer son échec, et ne pas s’entêter à cette narration brouillonne, et franchement amateur. Une histoire assez impalpable. Le héros aurait été impliqué dans un accident dans lequel serait mort un collègue. C’est juste suggéré (au début), et surtout, ça n’a aucune incidence sur le film. La femme du défunt pilote apparaît, puis disparaît. Magie. On a mis ça là, comme une idée, qui va faire son chemin tout seul, comme un grand. Ensuite, elle fait des apparitions bouche-trou. Mais le cinéma, ça ne marche pas comme ça. Embaucher une star, (McQueen), et espérer qu’il va faire tout le boulot tout seul ; ça ne marche pas comme ça.
Et c’est super long. On voit toute l’organisation du Mans. Une ville en pleine campagne, qui se transforme en immense champ de course. Du lever du soleil, aux vrombissements des moteurs. Á la nuit noire, remplie de phares, et de crissements de pneus. Les familles qui se promènent, les mécanos en plein travail, le speaker qui annonce les départs, les pompiers qui installent leur matos, la fête foraine. Une ville en miniature, qui se crée le temps des 24 heures, devenus célèbres dans le monde entier. Mais problème. On ne peut s’attarder qu’à ça. Le spectacle de cette logistique impressionnante à l’œuvre. Efficace, lourde, qui roule comme dans un bain d’huile. C’est une fiction, oui ou non ? Malheureusement, oui, et la direction d’acteurs, c’est une catastrophe ! Mc Queen, le seul vrai acteur du film, s’il était inconnu, on n’aurait fait aucune différence. Jeu blanc de débutant. Mauvais acteur, ou mauvaise direction ? Je l’ai déjà vu à l’œuvre ailleurs, Steve. Heureusement. Donc, c’est la direction d’acteurs qui pêche. Lui, il se contente de faire ce qu’on lui a dit. Poser pour la photo. On n’a pas besoin de plus. Et puis, comme il n’a rien à jouer, il serait difficile de lui demander plus. Pathétique sur la durée de le voir comme ça, à ne rien faire. Ce film c’est une pancarte publicitaire déguisé en film. Vive le Mans !
Les courses. Pas mal. Mais trop longues. Elles prennent toutes la place, jusqu’au plus profond ennui. Même dans le match de foot le plus ennuyeux, il y a au moins la mi-temps, pour souffler. Ici, ça commence dynamique, et ça continue ronflant, sur le même tempo durant tout le film.( ?) Donc ça nous endort vite. Même pas de pause pub, pour les pneus Michel**, ou les amortisseurs machin. Courses filmées comme si le spectateur n’existait pas. Ou alors, comme si le cinéaste ne s’inquiétait pas du spectateur, ou du rythme. C’est pour les amateurs de courses sans imagination, fait par un technicien, sans grande imagination. Il n’arrive pas à intéresser, alors qu’une course, (mieux filmée), tout le monde s’y intéresse. Trop longues scènes de bolides, montage, pas assez ramassé, donc manque de choix, manque d’idées à développer. Que veut-il dire de la course? Que le Mans, c’est des voitures qui foncent. Maigre. Et c’est long.
En tant que fiction, c’est une purge, en tant que course, c’est interminable. Le gars derrière la caméra, n’est pas cinéaste. Dès qu’il y a deux lignes de dialogues, il est perdu, et c’est plat. Et ces plans son toujours premier degré de narration. Steve à la cantine ? C’est Steve à la cantine. Steve remonte dans la grosse cylindrée ? C’est Steve qui remonte dans la grosse cylindrée. Sans suspense. Les fans de course vont peut-être apprécier, mais ils seront bien les seuls. Un documentaire sur la star McQueen au Mans, aurait été plus intéressant. Montrer Steve qui s’amuse comme un fou. La rencontre avec les vrais pilotes professionnels. McQueen qui fait un tour en Ferrari. Il était pilote lui aussi, passionné de courses automobiles. Mais le réalisateur semble très procédurier, et peu enclin à l’aventure, il n’a pas osé. D’où ce pensum, académique et digne de la rubrique sport du journal télé, mais en plus long. Long…malgré le bruit des moteurs.