Réalisé en 1941 « Le mariage de Chiffon » est une agréable comédie romantique, pleine de rythme et offrant quelques répliques carrément drôles. Odette Joyeux y tient pour la première fois le rôle principal chez Autant-Lara. Suivront le très plat « Lettre d’amour » et « Douce », le meilleur des trois. Tel quel, « Chiffon » reste un spectacle très théâtral, mais plutôt plaisant, même si le happy end est des plus téléphoné. Certaines scènes sont troublantes, en particulier celles qui décrivent la relation incestueuse entre la petite, à peine seize ans, et son oncle par alliance (comme lorsque qu’il lui dégrafe sa robe, à sa demande). Sur le fond, le film pose bien la France de l’occupation. L’amour que «Chiffon » porte au Colonel n’est que de pure convention sociale et elle choisira la liberté et le progrès en partant avec son oncle rebel aux Etats Unis. La résistance à l’ordre Pétainiste en quelque sorte, ce qui peut expliquer la sortie tardive du film (Août 1942). Film subtil et souvent délicat, il est porté par une casting exceptionnel, à commencer par la très gracieuse Odette Joyeux jusqu’au jeune Bertrand Blier, en passant par les excellents André Luguet, Jacques Dumesnil, Pierre Larquey, Robert Le Vigan, Suzanne Dantès et Louis Seigner. L’ensemble bénéficie d’une très belle photographie de Philippe Agostini et Jean Isnard. A voir sans hésiter.