Attention ce film est une exception dans la carrière de Jean Marais, contrairement à tout ce qu'il nous à prouvé dans le reste de sa filmographie, et ce, même s'il continue à jouer comme un petit cochon de lait, Jean Marais est capable de prendre du plaisir dans un rôle et même, sacrilège suprême, de rendre ça communicatif pour le spectateur !
J'avoue n'être pas loin d'envisager que la présence derrière la caméra de Henri Decoin en lieu et place de Hunebelle doit y être pour quelque chose, mais que la transformation est réjouissante !
Pour tout vous dire, pendant ces vacances, j'ai bien du en voir ou en revoir cinq ou six de Jeannot, avec toutes les formes de nuques longues possibles et imaginables (sauf l'absence de nuque longue, bien sûr... ici, c'est l'ondulée qui domine, avec des petits rouleaux pour faire époque...) et c'est fou comme la différence fait plaisir. S'il a trouvé le secret pour enlever les balais du fondement, il faut à tout prix que ses héritiers prennent contact avec le Câpre, il y a de l'argent à se faire...
Ici donc, une histoire très vaguement inspirée par Dumas père mais pas encore complètement massacrée par le Câpre sus-cité et sa brochette de vieux sales qui arriveront à la fin des années quatre-vingt-dix.
L'homme au masque de fer, ce mystérieux prisonnier dont le secret reste encore aujourd'hui inviolé et qui laissa prise à tant de suppositions romanesques...
Ici, une jeune moulasse quelconque pour interpréter le double rôle, fallait bien compenser la gaillardise inhabituelle de Jeannot... Pour l'aider on lui refile Jean Rochefort en malandrin et une ou deux jolies donzelles, le tout chapeauté par l'inévitable et inénarrable Noël Roquevert.
Des prisons, des poursuites, des combats, des complots, du panache, voilà enfin un vrai film de cape et d'épée à la française, je désespérai...
Et au milieu de tout ça, d'Artagnan qui ronchonne.
Oui, parce que le d'Artagnan d'alors n'est plus le jeune cadet de Gascogne montant naïvement à la capitale pour défier en duel les plus grands mousquetaires du roi, non, entretemps, il a pris du galon, et c'est un capitaine plus mûr, sachant être servile avec ses maîtres et impitoyable avec les maroufles qui se laisse ici mener par le bout du nez par une jolie veuve des plus cruelles...
Joyeusement bougon, répétant inlassablement les mêmes lignes de dialogue dans un comique de répétition un peu éculé mais toujours réjouissant, Jean Marais se débrouille comme un chef.
Compensant son absence de talent par un fond de métier durement gagné et une bonne humeur surréaliste, le bougre nous offre ainsi peut-être son seul rôle sympathique, et rien que pour cela, le film se revoie toujours aussi agréablement, comme si l'huître avait enfin réussi à donner sa perle.