la fin de l'innocence et une belle palme dor.

Une très belle palme d'or qui le mérite amplement.
Réalisé superbement, le film n'est pas avare en belles images et décors travaillés, le tout magnifié par une bande son qui trouve sa juste place dans ce petit bijoux de cinéma.
L'histoire est une fantastique étude de mœurs au sein de l'aristocratie anglaise, entre chassé croisé amoureux, lutte silencieuse de classe, tragédie et comédie, affrontement juvénile et maturité cruelle.
Il est troublant d'être, dès le début du récit, perdu dans le temps. C'est seulement grâce à quelques plans de caméra s'attardant sur des voitures que l'on découvre avec une certaine horreur que le tableau qui s'offre à nous, n'est qu'un vestige fuyant toute temporalité, figé dans ses règles de bienséance et de psychorigidité somme tout assez britannique.
Un univers à la Dickens mais du bon côté, de celui des nantis.
Un royaume d'aisance ou tout n'est que politesse feutrée, conversation amicale au vocabulaire étudié et riche d'hypocrisie sociale mais parfaitement adapté aux convenances du lieu. Un monde ou la calèche semble être un objet moderne...
Léo, modeste garçon accueilli par charité dans cette famille aisée, devient en endossant le rôle de porteur de lettres, le complice d'amour interdit.
Jouet involontaire des passions qui fissurent cette société, il en serra le levier, hypnotisé par l'intérêt que lui portent plusieurs des protagonistes, trouvant père et mère de substitutions, amis et confidents, se laissant envahir par la naissance de son premier amour, tout en étant utiliser sans vergognes avec parfois un certain mépris.
Après tout, qu'est il aux yeux de tout ces gens ?
Messager plein de candeur, navigant parmi ce monde d'oisifs étouffés par les non dits et leur statut aristocratique, moqué et rabaissé continuellement par les autres enfants, Léo se construit une responsabilité tronquée en voulant côtoyer tous ces adultes. Devenu ainsi quelqu'un, aveuglé par son rôle, il en oublie de rester ce petit garçon innocent.
Ce sentiment de duperie est judicieusement présent à travers l'illustration du jardin abandonnée, ou tout n'est que fouillis et destruction, ou finalement ne règne qu'une belle plante qui s'appelle belladone. Triste jardin séparant 2 mondes, 2 passions empoisonnées.
Chaque plan, chaque cadrage, chaque variation de la lumière, tout concourt à accompagner avec intelligence l’ambiguïté qui s'empare de Léo: plaisir de la découverte du lieu, solitude, joie et tristesse, gène et cruauté.
Affermissement du caractère ou dilemmes moraux face à la tragédie qui se tisse autour de lui.
Histoire d'amour impossible, le Messager se distingue par sa très grande qualité de réalisation et sa formidable équipe d'acteur. Parfait dans sa technique et sa beauté visuelle, il fait partis de tout ces grands films intemporels qui enrichissent avec talent le panthéon du cinéma.

Cyann_Kairos_De
9
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le 20 oct. 2014

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