Un film à ne pas LOUPer
Le Miracle des Loups s'ouvre sur un court prologue ponctué d'intertitres qui détaille avec brio la situation difficile que doit surmonter Louis XI, successeur de Charles VII, alors fraîchement...
Par
le 28 juil. 2020
1 j'aime
Nous sommes dans la France de 1461. Charles VII vient de mourir. Si la guerre de Cent Ans est définitivement terminée, le nouveau roi Louis XI doit tout de même faire face à des luttes intestines au sein de son royaume. Luttes intestines qui sont symbolisées par le puissant Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, qui ne cherche nullement à cacher ses prétentions au Trône...
Le très injustement oublié Raymond Bernard réalisait avec Le Miracle des loups une véritable superproduction qui n'avait absolument rien à envier à celles hollywoodiennes de l'époque. Le cinéaste conjugue à merveille scènes intimistes, à l'instar des amours, par-dessus un mur, de Jeanne Fouquet, protégée du roi, et du chevalier Robert Cottereau, collaborateur fidèle du duc de Bourgogne (inutile de dire qu'à cause de cela la romance connaîtra au cours du film quelques complications !), ou encore de la scène où Louis XI se moque de Charles le Téméraire, lorsqu'il découvre que ce dernier s'est fait fabriquer une couronne et que celle-ci est brisée, à des séquences spectaculaires, qui ne manqueront pas d'impressionner même le plus blasé des spectateurs d'aujourd'hui.
Il faut bien dire que pour cela, Bernard avait mis toute la gomme à travers l'extrême soin apporté à la reconstitution de l'époque et une grande profusion des moyens (rien que le nombre de figurants...!) et en balançant trois scènes qui déchirent grave : la Bataille de Montlhéry, où le cinéaste utilise habilement la caméra portative, la fameuse séquence qui donne son titre au film, véritable cœur de l'histoire et morceau d'anthologie, qui fait encore frémir par son réalisme, et puis surtout l'apothéose, le Siège de Beauvais, lors duquel Jeanne Fouquet, qui deviendra suite à cet exploit Jeanne Hachette, décide courageusement et fougueusement de défendre coûte que coûte la forteresse, donne une demi-heure de très très grand cinéma, d'une tension à couper le souffle.
On ajoutera, comme si cela ne suffisait pas, des personnages très bien croqués. Jeanne Fouquet, future Jeanne Hachette, est une héroïne forte passionnante. Mais celui que l'on retient le plus est incontestablement Louis XI. Le portrait de lui est ici très juste. Loin de l'incompréhensible légende noire dont on l'a affublé par la suite, on a au contraire le portrait d'un monarque qui pouvait certes être cruel et fourbe (mais dans un tel contexte comment pouvait-il en être autrement ?), mais était surtout fin diplomate et rusé stratège ainsi que beaucoup plus proche de son peuple que la très grande majorité des autres souverains à avoir régné sur le pays. Dans la peau de ce personnage fascinant, le charismatique Charles Dullin donne ici une performance mémorable.
En résumé, Le Miracle des loups est une fresque historique aussi captivante et puissante que spectaculaire qui fait non seulement honneur au cinéma français, mais aussi au Septième Art.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 19 nov. 2014
Critique lue 1.2K fois
13 j'aime
D'autres avis sur Le Miracle des loups
Le Miracle des Loups s'ouvre sur un court prologue ponctué d'intertitres qui détaille avec brio la situation difficile que doit surmonter Louis XI, successeur de Charles VII, alors fraîchement...
Par
le 28 juil. 2020
1 j'aime
Visuellement fades, beaucoup de plans ne servent qu'à exposer basiquement les personnages qui parlent, sans démarche esthétique. Dans les plans larges, la similarité d'accoutrement et de coupe de...
Par
le 20 mars 2022
Du même critique
L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...
Par
le 18 janv. 2023
313 j'aime
22
Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...
Par
le 20 juil. 2023
219 j'aime
29
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...
Par
le 1 juil. 2024
202 j'aime
42