Apu a désormais la vingtaine, et a du mal à joindre les deux bouts en vendant ses écrits, le poussant à trouver un autre travail. Un jour, un ami l'invite à un mariage, mais comme le futur époux a une crise de folie, la superstition familiale de la mariée refuse cet union, et par la force des choses, Apu est contraint d'épouser une femme qu'il ne connait pas, plus jeune, mais dont les sentiments va apparaitre peu à peu en se connaissant.
Satyajit Ray clôt de fort belle manière ce qu'on appelait la trilogie d'Apu, qu'on aura suivi de sa naissance jusqu'à ses vingt ans, une jeune vie parsemée de quelques joies mais surtout de drames mais où dans cet acmé, il va trouver en quelque sorte un sens à sa vie.
Quelque part, c'est l'équivalent indien du cycle d'Antoine Doinel, avec les codes inhérents au pays, notamment pour ce qui concerne ce qui n'est pas encore un mariage d'amour mais comme un vaudeville, Apu va être marié à la place de l'époux légitime. Le tout avec un couple formidable, joué par Soumitra Chatterjee et Sharmila Tagore, dont au découvre au départ leurs différences, mais peu à peu un amour sincère va naitre jusqu'à un drame, et une ellipse de cinq ans tout simplement magnifique. Peut-être ai-je été trop sévère avec le premier film La complainte du sentier, mais là, Le monde d'Apu est clairement un sommet du cinéma des premiers âges, celui des choix, des drames ou des joies qui vont façonner la vie, et à l'image du dernier plan, on avance avec le sourire malgré les embûches.