Le monde de Charlie, un monde pas si cruel

Le Monde de Charlie est un film auquel j'avais attribué la note de 9 lorsque j'ai commencé à noter des films sur SensCritique. À dire vrai, je ne me souvenais plus exactement de l'histoire, mais je savais qu'elle m'avait marqué. En rediscutant avec une personne de mon entourage, nous sommes tombés d'accord sur le fait que ce film faisait partie du haut du panier, mais voilà : méritait-il le 9 que je lui avais mis quand j'étais un jeune adolescent voulant ressembler à Logan Lerman et secrètement (comme beaucoup de garçons à l'époque) amoureux d'Hermio... euh... Emma Watson ?

Charlie n'est pas un garçon comme les autres : il est torturé, il est bizarre, et il a du mal à se faire des amis. Alors, quand il rencontre Sam et sa bande, eh bien, sa vie change du tout au tout. Rapidement, il comprend ce que signifie tomber amoureux, il se met à avoir des rêves et à croire en ses capacités. Bref, c'est le scénario d'un teen movie positif comme on pourrait en voir des dizaines, un film qui ne sort pas de l'ordinaire, en somme.

Sauf que voilà, ce teen movie a deux secrets. Le premier, c'est qu'il est porté par trois des acteurs les plus talentueux de la nouvelle génération, qu'ils se partagent l'affiche, et qu'ils réussissent à l'écran l'exploit de sublimer les autres acteurs. Leur jeu est toujours juste, très proche de la perfection. Si le talent d'Emma Watson n'était plus un sujet en 2012, d'autres devaient encore conforter leur position.

De fait, Ezra Miller était encore très loin des polémiques qui le suivent désormais, et son jeu d'acteur était relativement impressionnant pour un acteur de 19 ans. Mais celui qui impressionne le plus par sa performance, c'est Logan Lerman. Car dans les années 2010, Logan Lerman, c'était aussi et surtout Percy Jackson. Et comment dire, c'était relativement beaucoup moins bien.

Alors forcément, quand on le voit partager l'affiche avec Emma Watson et Ezra Miller, même si on n'est pas inquiet, on peut tout de même se poser des questions. Questions que Logan Lerman nous conseille d'écrire sur un carnet afin qu'il nous explique à la fin du film pourquoi on avait tort de se les poser. Ce trio, c'est le carré magique qui serait parvenu à transformer n'importe quel projet en chef-d'œuvre. Sauf que voilà, le second secret de ce teen movie, c'est que ce n'en est pas un.

Charlie cache un secret : il est timide et réservé, il s'efface pour que les autres soient heureux, qu'importe s'il ne l'est pas lui-même. Charlie, c'est un peu la caution de l'espèce humaine, l'ange gardien qui souffre en silence à l'abri des regards. Celui qui se sacrifie pour ne pas heurter les autres. Dans un sens, Charlie me fait penser à l'excellentissime Ted Lasso, interprété par Jason Sudeikis. Deux personnages qui prennent soin des autres, qui semblent toujours joyeux au point qu'on oublie qu'ils peuvent aussi ressentir des sentiments comme la peur, l'anxiété ou la colère.

Vous l'aurez compris, Le Monde de Charlie est un excellent film, d'une justesse incroyable tout en étant avant-gardiste sur de nombreux sujets (que je ne peux pas nommer sans spoiler l'intrigue), qui mériterait d'être plus admiré, mais qui laisse ce sentiment d'être des privilégiés de l'avoir vu alors que d'autres ignorent tout simplement son existence. Et oui, il valait largement ce 9/10 que je lui avait donnée lors de ma jeune adolescence !