3 pour les acteurs, les décors et quelques idées formelles notamment sur la fin quand le film développe à l'image sa dimension tragique et délaisse, pour un petit temps, l'absurdité de son intrigue politique pas croyable et son fond au mieux complètement largué, au pire réactionnaire. Au mieux inoffensif, au pire dangereux, jamais pertinent.
Le problème c'est que le film est vendu sur ce fond politique et que son réalisateur cherche à s'ériger avec une humilité toute relative en combattant contre le fascisme, l'extrême droite, Poutine, Bolsonaro, Orban, et tous les méchants cités pêle-mêle par Podalydès dans une tirade faite pour exciter le boomer. Le tout bien sûr en essayant de rendre humaine et donc sympathique une classe politique "républicaine" hors sol et en invisibilisant le peuple (et aussi la gauche authentique), complètement absent de son métrage. Un film qui sent le Febreze senteur rose, comme les toilettes de la rue de Solférino. Un réal qui se voit comme ambassadeur courageux du progressisme mais qui légitime un système tout droit venu du monde d'hier.
Perso, les petits dilemmes moraux et la part d'ombre de gens qui ont voulu le pouvoir et veulent le conserver, je m'en fiche S. Mais libre à vous de croire, comme Diastème, qu'ils peuvent vouloir votre bien et se battront pour vous. Votez Macron.
Petit florilège de choses qui prêtent à sourire dans le film :
- le couple franco-allemand fonctionnel et collaboratif avec le chancelier Heinrich (un postiche??) qui cède au téléphone sur une mesure écolo qui fera plier les russes et les américains d'après la présidente également mère courage qui sacrifie sa santé pour nous aimer très fort
- le leader d'extrême droite (un genre de Yann Moix déguisé en Zemmour, double
beurk) qui boit une bouteille de whisky par jour (sic) et à qui on fait visiter l'Elysée pour lui montrer le PC Jupiter, haut lieu de la Défense nationale, JUSTE pour lui dire qu'il n'y aura jamais accès. Wow. Il s'en ira d'ailleurs en boudant suite à cette terrible humiliation
- le statut légal des fichés S défini par le code civil
- le premier ministre qui de sa propre initiative trimballe en voiture la fille de la présidente pour l'amener à Orly
- Benjamin Biolay, le premier ministre en question
- La notion d'"internationale fasciste", concept lâché dans le plus grand calme comme un pet foireux et que je vous propose de décrypter en 4 heures à l'aune de toute la rigueur intellectuelle du reste du film
En bref, croyons aux bonnes intentions, sans oublier que l'enfer centriste en est pavé.