La solitude du mineur de fond
Etrange et très étonnant film que cette histoire de science-fiction réalisée par un Ranald MacDougall plus célèbre pour ses talents de scénariste que pour sa mise en scène.
Harry Belafonte est un mineur, il se fait bloquer sous terre par un éboulement et, lorsqu’il arrive à sortir plusieurs jours plus tard par ses propres moyens, il se rend compte qu’il est le dernier homme encore en vie, ou presque…
L’atmosphère de tensions internationales et du péril nucléaire n’est là que pour poser le tableau, un tableau fascinant d’ailleurs, avec des scènes magistrales de New York absolument déserté, un précurseur du genre qui devrait au moins attirer les mordus du genre qui doivent bien se cacher encore parmi vous…
Produit la même année que le coup de l’escalier par l’acteur principal, très investi dans la lutte pour l’égalité des droits civiques, le film en possède finalement les mêmes défauts, à savoir un ton légèrement sentencieux et une thèse anti-raciste un peu lourde qui finit par étouffer un peu la véritable histoire.
Après, on sent bien que pour eux elle est justement là, la véritable histoire, mais c’est ballot, c’est tellement peu subtil que c’est devenu le talon d’Achille du film, qui empêche de profiter à plein du point de départ digne du film de survie ultime : seul au monde, bordel !
Heureusement, que cette partie n’est pas non plus négligée, je suis certes resté un peu sur ma faim en terme de petits détails de vie quotidienne, mais il y a de quoi grignoter tout de même. Il y a des failles scénaristiques un peu béantes (où sont les corps, foutrebleu !), mais reconnaissons qu’esthétiquement, ça renforce les impressions de solitude et de gigantisme désertique urbain.
C’est chouette comme tout, New York tout vide au petit matin, le film y gagne une force visuelle impressionnante qui renvoie Will Smith à ses zombies grotesques, fessée cul nu et bonnet d’âne en prime. Avec ça, Harry Belafonte n’a pas toujours la carrure pour porter le film sur ses seules épaules ou presque, mais il a une ombre qui danse très bien et se débrouille toujours quand il faut pousser la chansonnette…
Parfois maladroit mais toujours foutrement original, voici une petite perle de 1959 qui devrait ravir les amateurs d’anticipation bien troussée et de raretés en tous genres.