Un Lautner expérimental...surprenant mais inabouti

Le film n'est pas très bien fichu, fouillis, comme pas terminé ou bâclé. Comme si Lautner et son équipe s'étaient lancés dans de multiples improvisations mais avaient oublié de se coordonner. Le rythme n'est pas lent, mais plein de ruptures. Le film oscille entre sérieux (le sérieux du livre adapté, un roman d'espionnage, apparemment), Grand-Guignol et décalage.


J'ai vraiment l'impression d'un bouquet d'expérimentations, toutes intéressantes séparément, parfois extrêmement intéressantes. Paul Meurisse crée la diction décalée propre aux gangsters élégants et néanmoins crapuleux qui feront le succès des comédies policières postérieures de Lautner. La caméra choisit des angles de vue et des focales stupéfiants, clairement expérimentaux. Et il y a un usage de la musique vraiment amusant, une ironie, avec des improvisations de jazz, mais surtout d'une musique classique ou de morceaux patriotiques de tous les pays (barbouzes de tous les pays, unissons-nous) grotesquement pompeux, avec laquelle les images et les actions sont en perpétuel décalage. C'est le travail de toute une équipe qu'on retrouvera après, non seulement les acteurs, mais aussi les techniciens (notamment le chef opérateur Maurice Fellous).


Bien qu'il ne soit pas très réussi, Le monocle noir lance toutes les pistes qui feront que les films postérieurs de Lautner seront de petites pépites de "cinéma de gangster à la papa" dont les discrètes trouvailles visuelles, sonores et musicales font le secret de leur rythme et de leur drôlerie. A noter que la suite, L’œil du monocle, est plus conventionnelle : mieux maîtrisée, mais du coup moins surprenante.

PolaireFerroviaire
6

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Modes et travaux : films vus

Créée

le 9 août 2019

Critique lue 151 fois

Critique lue 151 fois

D'autres avis sur Le Monocle noir

Le Monocle noir
Fatpooper
8

Y a des nazis ici! Mais à la place de Indie, y a le MONOCLE

Je ne savais rien du monocle. Mon ancien prof me l'avait conseillé avec ses deux suites, me disant que ça valait le coup. Et effectivement ça vaut le coup. A la base, c'est un bouquin assez sordide,...

le 21 nov. 2012

7 j'aime

Le Monocle noir
Morrinson
6

Un château, des nazis et des barbouzes.

"Le Monocle noir", ou le film d'espionnage potache par excellence, du type "Les Barbouzes" (du même Lautner, trois ans plus tard) avant l'heure, en beaucoup moins sérieux dans le délire. Et en...

le 2 déc. 2016

6 j'aime

Le Monocle noir
Gand-Alf
7

L'espion à l'oeil de velours.

Peu enclin à adapter un livre qu'il juge trop sombre mais heureux de trouver du boulot, le cinéaste Georges Lautner parvint à un beau compromis avec Le monocle noir, réalisé en 1961 d'après le livre...

le 22 avr. 2016

5 j'aime

Du même critique

Haceldama ou Le prix du sang
PolaireFerroviaire
5

Critique de Haceldama ou Le prix du sang par PolaireFerroviaire

Un western camembert. Surprenant, mais la France est en pleine américanophilie, elle a découvert les premiers westerns, le fameux The Great Train Robbery dont la scène iconique du cowboy qui tire...

le 12 juil. 2020

11 j'aime

3

Bandits, bandits...
PolaireFerroviaire
7

Critique de Bandits, bandits... par PolaireFerroviaire

Une excellente surprise pour moi qui m'attendais à une comédie juste gentillette. Ce film est une vraie machine à voyager dans les rêves. Certes, l'imagerie est peut-être un peu revue; le rythme est...

le 31 janv. 2020

10 j'aime

Sous le ciel de Paris
PolaireFerroviaire
10

J’ai fait un beau voyage dans un rêve de Paris

Sous le ciel de Paris est un film choral où l’on suit une journée exceptionnelle de quelques Parisiens : un père ouvrier gréviste qui fête son anniversaire de mariage, une fillette qui fugue, une...

le 2 févr. 2020

10 j'aime

5