Le Monstre des temps perdus par Alligator
Sorte de gozilla américain.
Ce n'est pas sans une certaine surprise que je découvre non pas un nanar immonde et risible mais un film somme toute fort honorable sur la forme.
Certains acteurs, je pense notamment à Kellaway, ne sont pas sans élégance. La grâce et la plastique de Paula Raymond a énormément agi sur mes hormones. Un je-ne-sais-quoi qui a asticoté ma libido. Et pour ne rien gâter, elle ne joue pas si mal. Une brunette dans mon goût.
A noter l'apparition impassible du très jeune Lee Van Cleef.
La mise en scène de tout ce petit monde n'est pas du tout catastrophique comme on pourrait l'imaginer avec un sujet aussi casse-gueule. Quelques plans démontrent une certaine aisance de moyens, dénotent une esthétique, certes ordinaires pour l'époque, mais qui avec le temps sont formellement en adéquation avec le style de cette période cinématographique. Bref, sans pour autant créer quelque chose de fabuleux, Lourié fait bien son boulot. Du moins en ce qui concerne les scènes non fantastiques, les scènes d'enrobage.
Ce qui est plus faible, et sans doute a plombé la carrière de ce film, qui passe volontier inaperçu dans les filmographies de la science-fiction (je n'avais jamais entendu parler de ce film avant de le voir), ce sont les maquettes et la bestiole animée par Ray Harryhausen. Chargé seulement des effets visuels, ce dernier débute, ce n'est que son deuxième film dans ce département technique.
C'est également le film d'un débutant à la réalisation, Eugène Lourié, un français d'origine russe. Peut-être que cet apprentissage explique en partie l'aspect décousu. L'on passe difficilement des plans de stock-shots aquatiques tournés en aquarium aux scènes tournés en studio, puis aux scènes de la bestiole, bref, les différences de traitement de l'image sont désastreuses. La couleur aurait-elle pu nuancer ces transitions? Qui sait? Quoiqu'il en soit, sur le plan de la semblance, le film balbutie beaucoup trop à mon avis pour embarquer complètement son spectateur.
Autre surprise, le peu d'impact que semble avoir pu laisser Ray Bradbury, sans doute trop enseveli par l'équipe de scénaristes.